Deux ans après la mise en œuvre d’une réforme structurelle majeure de la décentralisation, le Bénin marque une pause pour évaluer les progrès accomplis et identifier les ajustements nécessaires. Le vendredi 13 juin 2025, le président Patrice Talon a réuni à la salle du peuple du palais de la Marina, les acteurs clés de la gouvernance locale pour une rencontre capitale, démontrant la volonté du gouvernement de consolider les acquis et de parfaire un système crucial pour le développement national.
Cette rencontre de haut niveau a rassemblé un parterre impressionnant : les préfets des 12 départements, les maires des 77 communes et leurs adjoints, les Secrétaires Exécutifs (SE) des mairies, ainsi que les représentants de l’association nationale des communes du Bénin (Ancb). Une participation aussi large et diverse souligne l’importance accordée à cette réforme, perçue comme le « fer de lance de l’action publique » par le Chef de l’État.
Consolider les acquis et rectifier le tir
Depuis 2016, le gouvernement béninois a entrepris des réformes audacieuses visant à optimiser et moderniser l’action publique, tant au niveau central que local. La réforme de la décentralisation, en vigueur depuis deux ans, s’inscrit pleinement dans cette dynamique. L’objectif de cette rencontre était clair : dresser un bilan à mi-parcours de cette réforme et recueillir les retours d’expérience des élus et cadres locaux. Le Président Talon a insisté sur un esprit de critique constructive, rappelant les faiblesses antérieures marquées par une confusion des rôles, une mauvaise gouvernance et l’impunité. « Fallait-il continuer ainsi, ou bien prendre les décisions courageuses pour changer la donne ? Nous avons fait le choix de la réforme, et nous devons maintenant nous assurer qu’elle produise les résultats escomptés », a-t-il affirmé.
Au cœur de cette réforme réside une séparation claire des fonctions : les élus définissent les grandes orientations, tandis que les Secrétaires Exécutifs sont chargés de la mise en œuvre et de la gestion, le tout dans le strict respect des règles de bonne gouvernance. Le président a souligné la nécessité pour tous les acteurs d’intégrer pleinement cet esprit, garant d’une gestion efficace et transparente.
Des préoccupations persistantes
Au nom de toutes les communes, Luc Sètondji Atrokpo, Président de l’Ancb, a chaleureusement exprimé sa gratitude au Chef de l’État pour son attention constante envers les collectivités territoriales. Il a salué les efforts du gouvernement, notant que « aucune commune n’est laissée pour compte. Vos actions sont visibles du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre ». Atrokpo a également mis en lumière l’impact positif de la réforme du système partisan, qui, selon lui, a contribué à « stabiliser les conseils communaux et faciliter la mise en œuvre des plans de développement communaux ».
Malgré ces avancées notables, les élus n’ont pas manqué de soumettre des préoccupations légitimes, illustrant les défis rencontrés sur le terrain. Il s’agit de la reprise de la délivrance des attestations de détention coutumière (Adc), en attente de la généralisation du titre foncier, afin de sécuriser les usages fonciers et de soutenir les finances communales. Cette mesure est jugée cruciale pour dynamiser l’économie locale et renforcer l’autonomie financière des communes, la clarification du statut des maires fonctionnaires de l’État, confrontés à des situations administratives complexes. Une harmonisation s’avère nécessaire pour assurer une gestion cohérente de leurs carrières, l’intégration des véhicules de fonction au patrimoine des communes, afin de permettre leur réaffectation conformément aux textes en vigueur, optimisant ainsi l’utilisation des ressources locales.
Un renforcement nécessaire de la réforme
Le Président Talon, dans un esprit d’écoute et d’ouverture, a encouragé les participants à s’exprimer « sans langue de bois », assurant que le gouvernement est « disposé à analyser toutes les propositions issues de ce séminaire ». Il a réitéré son appel à dépasser les clivages politiques, insistant sur l’importance de l’unité pour le développement national. « Le Bénin nous appartient à tous. Nous avons l’obligation de le construire ensemble, pour les générations futures », a-t-il martelé.
Ce séminaire constitue une étape cruciale dans le dialogue continu entre l’État central et les collectivités locales. Il témoigne d’une volonté partagée de faire de la décentralisation un véritable moteur de développement à la base. Les échanges fructueux et les préoccupations soulevées lors de cette rencontre sont autant d’éléments qui devraient permettre au gouvernement d’affiner sa stratégie et de procéder aux réajustements nécessaires pour une décentralisation plus efficace et plus proche des citoyens. L’avenir des communes béninoises dépendra de la capacité de tous les acteurs à travailler de concert pour concrétiser cette vision ambitieuse.
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