Sénégal : Plaidoyer pour la sécurité des habitants de la "15ème région"

Entre janvier et juin 2025, quinze Sénégalais vivant à l’étranger ont perdu la vie dans des conditions alarmantes. Ces décès, survenus en Europe, en Afrique du Nord et sur le continent américain, suscitent une inquiétude grandissante au sein des familles et de la société civile. À Casablanca, Ibou Socé a été mortellement poignardé dans des circonstances encore floues. À Sfax, en Tunisie, Hassan Barry a été retrouvé sans vie après une série de tensions liées aux migrants subsahariens. En France, Ngagne Mbaye est décédé à la suite d’une interpellation policière, tandis que d’autres cas évoquent des refus de soins ou des agressions encore non élucidées.

Ces drames, épars dans leur géographie mais similaires dans leur silence institutionnel, soulèvent des interrogations sur la capacité des États d’accueil à garantir la protection des ressortissants étrangers. Ils mettent aussi en lumière les failles dans le suivi consulaire et les difficultés pour les familles à obtenir des informations claires ou des autopsies dignes de ce nom.

L’appel à la vérité dans l’affaire Mansour Fall

La mort de Mouhamadou Mansour Fall à Nouakchott concentre les critiques. Selon les premiers éléments, il aurait été arrêté, puis transféré dans des conditions encore opaques. Peu après, les autorités ont annoncé sa chute d’un escalier et son décès. Ce récit officiel est aujourd’hui contesté. Le député Guy Marius Sagna a interpellé le gouvernement pour exiger une enquête indépendante et une autopsie en présence d’experts choisis par la famille. Le flou autour des circonstances de sa mort, conjugué à un retard dans la transmission de l’information à ses proches, alimente un sentiment de frustration et d’abandon.

Face à cette accumulation de cas, les associations de défense des droits des migrants demandent que des mécanismes de protection renforcés soient mis en place. Horizon Sans Frontières appelle notamment à des canaux diplomatiques plus réactifs et à un renforcement du rôle des représentations consulaires dans le suivi judiciaire des affaires impliquant des ressortissants sénégalais.

Une journée pour refonder le lien avec la diaspora

Alors que les drames s’enchaînent, le Sénégal prépare la toute première Journée nationale de la diaspora, prévue pour décembre 2025. L’annonce, faite par le secrétaire d’État Amadou Chérif Diouf, intervient à un moment où les Sénégalais de l’extérieur demandent plus que des symboles. Cette « 15e région » du pays, à laquelle appartiennent ces millions de citoyens vivant loin du territoire national, attend un cadre concret pour faire entendre ses préoccupations.

Cette journée pourrait devenir l’occasion d’initier un dialogue sérieux sur les questions de sécurité, de protection consulaire, de suivi judiciaire des cas sensibles, mais aussi de dignité post-mortem. Car la mort, elle aussi, mérite d’être traitée avec justice. Et chaque drame qui n’aboutit pas à une vérité claire devient une blessure ouverte pour toute la communauté.

Dans un monde en mouvement, où l’exil est parfois nécessité, parfois choix, l’État a la responsabilité de garantir à ses citoyens, où qu’ils soient, la protection la plus élémentaire : celle de la vie, de la vérité et de la justice.

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