Sénégal : Retour des oiseaux granivores dans la vallée du fleuve Sénégal

Un fléau ailé connu des producteurs

Dans la vallée du fleuve Sénégal, le ciel n’annonce pas toujours la pluie. Parfois, il annonce la perte. Ces derniers jours, les rizières sont de nouveau envahies par des nuées d’oiseaux granivores, un cauchemar récurrent pour les cultivateurs de la région. Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux en disent long : des champs verdoyants pris d’assaut par des essaims d’oiseaux affamés, transformant en quelques minutes des semaines de travail en silence agricole. Pour les producteurs, cette menace ne surprend plus vraiment. Elle revient régulièrement, presque avec la régularité d’une saison, à tel point que l’on attend déjà, comme un scénario prévisible, l’arrivée conjointe des agents de la SAED, de la Direction de la Protection des Végétaux, mobilisés à chaque offensive.

Le riz, une culture sous surveillance constante

Le riz représente bien plus qu’une simple culture dans cette zone frontalière du nord du Sénégal. Il incarne un pilier stratégique de la sécurité alimentaire du pays, une activité économique essentielle pour des milliers de familles et un repère identitaire pour les agriculteurs. Mais cette promesse est perpétuellement menacée par les attaques d’oiseaux, parfois plus redoutables que la sécheresse ou les maladies végétales. Les granivores ne se contentent pas de grignoter quelques épis : ils rasent des parcelles entières. Une attaque bien organisée peut effacer plusieurs hectares de rendement en quelques heures, obligeant les producteurs à revoir leurs prévisions de récolte et, parfois, à replonger dans l’endettement.

Les oiseaux qui fondent sur la vallée ne sont pas une surprise, mais leur retour n’en est pas moins dramatique. Leur comportement, en apparence chaotique, suit une logique de survie impitoyable : ils ciblent les zones où le riz est à maturité, coordonnent leur attaque à l’aube ou au crépuscule, et se déplacent si vite qu’il est difficile de les contenir sans interventions concertées.

Réaction attendue mais incertitude persistante

Les acteurs publics impliqués dans la riposte – autorités administratives, techniciens agricoles, forces armées – savent que chaque jour de retard peut coûter cher. Des opérations de lutte sont généralement déclenchées dès la remontée d’alerte, mais leur efficacité dépend de plusieurs facteurs : accessibilité des zones attaquées, disponibilité des moyens logistiques, réactivité des équipes sur le terrain. Les producteurs, eux, continuent de défendre leurs parcelles avec des moyens de fortune : cris, feu de paille, vieux tambours ou filets troués.

Au-delà de l’urgence, le retour de ces oiseaux soulève à nouveau la question de la gestion structurelle de cette menace. Faut-il repenser les périodes de culture ? Intensifier la recherche sur des solutions de protection biologique ? Former davantage les producteurs à des méthodes de prévention ? Car si l’aide institutionnelle reste essentielle, elle ne pourra à elle seule endiguer un problème aussi ancien que la culture elle-même.

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