Sénégal : Un manuel illustré pour lutter contre les fakenews

Les réseaux sociaux sont devenus le principal champ de bataille de l’information au Sénégal, où chaque rumeur peut rapidement se transformer en “vérité” virale. Face à cette réalité, Africa Check propose une réponse concrète : un manuel illustré, librement téléchargeable, destiné à donner aux citoyens les clés de la vérification de l’information. Cet outil n’est pas réservé aux journalistes ou experts : il vise au contraire le grand public, les jeunes, les enseignants, et même les familles.

Ce manuel est le fruit d’une expérience de terrain acquise depuis 2012 par Africa Check, une organisation pionnière dans la vérification des faits sur le continent africain. Fondée à Johannesburg, elle a étendu ses actions à plusieurs pays, dont le Sénégal, avec un objectif clair : décortiquer les affirmations diffusées dans les médias et les discours publics pour en mesurer la véracité. Plutôt que d’opposer une vérité abstraite à une fausse nouvelle, l’organisation mise sur l’éducation critique à l’information, à travers des formats simples et visuels.

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Dans ce nouveau guide, le lecteur apprend, par exemple, comment repérer une image sortie de son contexte, identifier une citation tronquée, ou encore rechercher l’origine d’un chiffre présenté comme officiel. L’objectif est d’apprendre à douter de manière constructive, en se posant les bonnes questions face à une information qui circule.

Vers une démocratisation du factchecking

Selon Azil Momar Lo, journaliste sénégalais engagé dans le factchecking, il est temps de sortir cette pratique de sa bulle professionnelle. Intervenant récemment sur TV5 Monde, il a souligné que la lutte contre la désinformation passe avant tout par une meilleure circulation de l’information. Pour lui, ce manuel répond à un besoin de clarté, à une époque où les rumeurs circulent plus vite que les démentis.

Le manuel illustré se veut accessible à tous, même à ceux qui n’ont aucune formation en journalisme ou en sciences de l’information. C’est là sa force : déjouer les pièges numériques avec des méthodes simples, des dessins parlants, et des mises en situation inspirées du quotidien. On y trouve par exemple une simulation de conversation WhatsApp dans laquelle un message alarmiste est déconstruit étape par étape, ou encore des jeux de rôles sur les réactions possibles face à une vidéo virale.

Cette approche, ludique et inclusive, permet de créer une culture du doute bienveillant, loin des injonctions moralisantes. Il ne s’agit pas de culpabiliser ceux qui partagent des fake news, mais de leur donner les moyens de faire mieux, pour eux-mêmes et leur entourage.

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Quand l’information devient une responsabilité collective

Ce manuel arrive à un moment critique. Entre les tensions sociales et la multiplication des plateformes de communication, les risques de manipulation sont démultipliés. Chaque citoyen devient une cible potentielle, mais aussi un relais. Dans ce contexte, ne pas se former à la vérification de l’information revient à circuler sur une route sans freins.

L’initiative d’Africa Check s’inscrit dans une logique d’appropriation citoyenne du numérique. Elle montre que l’outil le plus efficace contre la désinformation n’est pas toujours une loi ou une technologie, mais souvent une prise de conscience et une formation de base.

Loin des grands discours sur les “dérives du web”, ce manuel donne à voir une autre voie : celle de la vigilance active, où chacun peut devenir acteur de l’intégrité de l’information. Il ne prétend pas éliminer les fake news du jour au lendemain, mais il offre à tous un point de départ solide pour y faire face avec intelligence.

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