Dans les économies nord-africaines, le tourisme demeure un pilier central. Il irrigue de multiples secteurs – artisanat, transport, hôtellerie, gastronomie – et participe activement à la lutte contre le chômage tout en renforçant la visibilité internationale des pays du Maghreb. Cette fonction stratégique, bien connue des décideurs publics, s’est imposée avec encore plus de force après les années de turbulences sanitaires et géopolitiques. En 2025, c’est le Maroc qui incarne le mieux cette capacité à rebondir et à accélérer, en enregistrant des performances jamais vues auparavant.
Des résultats spectaculaires sur le premier tiers de l’année
Entre janvier et avril 2025, le Maroc a accueilli 5,7 millions de visiteurs internationaux, marquant une progression de 23 % par rapport à la même période en 2024. Cette fréquentation accrue s’est accompagnée d’un bond du nombre de nuitées dans les établissements touristiques, franchissant le cap des 9 millions, soit une hausse de 15 %. Sur le plan financier, les recettes en devises ont atteint 34 milliards de dirhams, ce qui représente une amélioration de 7,5 %.
Ces résultats témoignent d’un secteur en pleine effervescence, dont les retombées vont bien au-delà des grandes villes touristiques classiques. Selon Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, ces performances sont le signe d’un changement de cap profond. Elle y voit le fruit d’un effort collectif structuré et d’une ambition portée par la plus haute autorité de l’État.
Réinvention du modèle touristique
Loin d’un retour au statu quo, les autorités marocaines ont choisi de refonder leur stratégie autour d’un principe clé : enrichir l’expérience du visiteur. La feuille de route lancée pour la période 2023-2026, avec un budget de 6,1 milliards de dirhams, a placé cette ambition au cœur de ses priorités. L’objectif est clair : proposer une offre différenciée, ancrée dans les spécificités locales et adaptée aux nouvelles attentes des voyageurs, notamment en matière d’authenticité, de confort et d’interaction humaine.
Un plan d’intervention rapide, doté de 2 milliards de dirhams, a par ailleurs permis de relancer rapidement les opérateurs du secteur après les secousses provoquées par les crises récentes. Grâce à cette combinaison de vision stratégique et de réactivité, le Maroc a pu non seulement préserver ses acquis, mais aussi élargir ses ambitions touristiques.
Une trajectoire qui donne le ton
Les chiffres de 2025 ne sont pas une simple parenthèse euphorique. Ils révèlent une dynamique solide, bâtie sur des choix de fond. En dépassant les 5,7 millions de touristes dès les quatre premiers mois de l’année, le Maroc envoie un signal clair à ses voisins et partenaires : avec de la méthode, de l’investissement et une orientation centrée sur la qualité, il est possible de transformer un secteur vulnérable en moteur résilient.
Ce succès pourrait inspirer d’autres pays du Maghreb qui, confrontés à des enjeux similaires, cherchent eux aussi à faire du tourisme un levier de transformation durable. Le modèle marocain ne repose pas uniquement sur des paysages attractifs ou un riche patrimoine, mais sur une gouvernance claire et des priorités bien définies. C’est ce qui lui permet aujourd’hui de battre des records et de tracer de nouvelles perspectives.



