Depuis les premiers élans indépendantistes du XXe siècle, le rêve d’une Afrique unie traverse les discours politiques, les mouvements sociaux et les projets économiques. Des figures emblématiques comme Kwame Nkrumah, Julius Nyerere ou encore Thomas Sankara ont défendu l’idée que les frontières héritées de la colonisation ne devaient pas diviser les peuples du continent. Pourtant, des décennies après les premiers pas de l’Union africaine, l’unité du continent demeure inachevée. Les tensions régionales, les défis économiques et les influences extérieures continuent de freiner cette ambition. Dans ce contexte, chaque prise de parole en faveur de la solidarité africaine acquiert une portée particulière, surtout lorsqu’elle émane d’une cheffe d’État.
Un plaidoyer pour l’autonomie et la coopération
C’est dans cet esprit que Samia Suluhu Hassan, Présidente de la Tanzanie, a saisi l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance des Comores pour rappeler l’urgence d’un projet commun africain. Invitée d’honneur à la célébration, elle a livré un message fort : il est temps de dépasser l’indépendance politique pour bâtir une véritable souveraineté économique. Pour elle, le développement du continent repose sur la capacité de ses pays à mutualiser leurs ressources et à s’engager dans des partenariats équilibrés. En soulignant les liens de fraternité entre la Tanzanie et les Comores, elle a mis en avant une coopération multisectorielle incluant les domaines économique, social, environnemental et diplomatique.
Ce discours ne se limite pas à des intentions générales : il reflète une vision concrète d’une Afrique interconnectée, capable de faire face aux crises mondiales sans dépendance excessive à l’extérieur. La Présidente tanzanienne évoque ainsi une Afrique portée par ses propres forces vives, une Afrique qui s’affranchit progressivement des modèles imposés pour tracer son propre chemin vers la prospérité.
L’unité comme levier de transformation continentale
En prônant une autonomie renforcée, Samia Suluhu Hassan réaffirme un principe fondamental : l’unité africaine ne saurait être réduite à un slogan diplomatique. Elle doit se traduire dans les infrastructures communes, les accords commerciaux équitables, la libre circulation des compétences et la coopération dans les domaines stratégiques. À l’image de l’architecture d’un bâtiment dont chaque pierre compte, chaque nation du continent est appelée à contribuer activement à l’édifice panafricain.
Ce message intervient à un moment où plusieurs pays africains cherchent à redéfinir leurs partenariats internationaux et à renforcer leurs marchés intérieurs. Les appels à une nouvelle génération de dirigeants africains, attachés à l’intérêt collectif du continent, résonnent avec les propos de la Présidente tanzanienne. Son intervention remet ainsi en lumière une évidence souvent occultée : aucune puissance extérieure ne viendra bâtir l’Afrique à la place des Africains.



