Armement au Maghreb : ce pays mise sur son industrie de blindés

La maîtrise de la mobilité blindée constitue un atout stratégique majeur pour toute puissance militaire désireuse de sécuriser ses frontières, répondre à des menaces asymétriques ou participer à des opérations de maintien de la paix. Les véhicules blindés, à la fois plateformes de projection et moyens de protection, sont devenus essentiels pour accompagner l’évolution des doctrines de combat. Dans cette dynamique, le Maroc opte pour une politique d’industrialisation défensive qui franchit un nouveau cap avec la création de sa première unité de fabrication de blindés, en partenariat avec le groupe indien Tata Advanced Systems Limited (TASL).

Un projet industriel pour renforcer l’autonomie militaire

La coopération entre Rabat et le conglomérat indien se concrétise aujourd’hui par l’implantation d’une usine de fabrication de blindés dans la région de Berrechid. Cette unité produira localement le WhAP 8×8, un véhicule de transport militaire moderne capable d’évoluer en terrain difficile et d’assurer une capacité amphibie. L’objectif affiché est clair : renforcer la souveraineté du royaume dans le secteur de la défense, tout en développant un savoir-faire technologique directement exploitable par les Forces armées royales (FAR). La première phase prévoit une capacité de production de 100 unités par an avec un taux d’intégration locale évolutif.

Vers une portée africaine de la production marocaine

Le programme va au-delà de la seule modernisation nationale. Sur les plus de 400 véhicules prévus, 150 sont destinés aux FAR, tandis que les autres pourraient équiper des armées partenaires sur le continent. Cette orientation régionale confère au projet une dimension diplomatique, positionnant le Maroc comme un acteur industriel capable de répondre à la demande croissante en équipements sécuritaires en Afrique. Ce développement intervient après plusieurs livraisons antérieures de camions militaires par Tata, consolidant ainsi une relation bilatérale déjà bien ancrée dans le secteur.

La structure qui verra le jour sous le nom de TATA Advanced Systems Maroc (TASM) s’inscrit dans une approche combinant transfert technologique, montée en compétences locales et retombées économiques. En effet, ce projet devrait créer près de 90 emplois directs et 250 indirects, contribuant au dynamisme industriel de la région de Berrechid. Une enquête publique encadrera son lancement, conformément à la réglementation environnementale en vigueur.

Ce partenariat avec l’Inde, s’il aboutit pleinement, pourrait ouvrir la voie à d’autres projets conjoints dans les domaines de la défense ou de la haute technologie. En intégrant les considérations industrielles à sa stratégie militaire, le Maroc renforce non seulement sa capacité opérationnelle mais également son poids géopolitique régional.

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