Automobile : un géant mondial tangue… Ce qu’il faut savoir

Depuis sa création en 2021, Stellantis s’est imposé comme un acteur incontournable de l’industrie automobile. Né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, le groupe contrôle une galaxie de marques emblématiques telles que Peugeot, Jeep, Citroën, Alfa Romeo et Dodge. Avec une présence sur plusieurs continents et une ambition affichée de peser sur la transition vers l’électrification, Stellantis avait tout du mastodonte prêt à affronter les défis du XXIe siècle. Mais les premiers mois de 2025 viennent brusquement freiner cette dynamique, révélant des secousses internes et des vents contraires qui ébranlent la solidité apparente du constructeur.

Un semestre sous pression et des comptes en recul

L’année avait mal commencé pour Stellantis, et les premières estimations officielles récemment communiquées ne font que renforcer ce constat : la performance économique s’est nettement détériorée. Le groupe enregistre un déficit de 2,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2025. Une chute brutale, alors que la même période en 2024 s’était soldée par un bénéfice de 5,6 milliards d’euros. Le chiffre d’affaires, lui, s’est contracté à 74,3 milliards d’euros, entraîné par une baisse notable des volumes écoulés en Europe et en Amérique du Nord.

Mais au-delà du simple ralentissement commercial, Stellantis traîne une lourde charge liée à des décisions industrielles coûteuses. L’arrêt de certains véhicules, la réorganisation de plateformes techniques et la révision de plusieurs programmes ont généré des pertes importantes, évaluées à environ 3,3 milliards d’euros. Ces ajustements, censés préparer l’avenir, pèsent lourd sur les comptes à court terme.

Une transformation à marche hésitante

Sur le terrain industriel, le groupe tente de repositionner son offre. En Europe élargie, des modèles stratégiques sont encore en phase d’assemblage progressif, ce qui ralentit leur pleine disponibilité. Ce vide temporaire dans les concessions pèse sur les ventes actuelles. En parallèle, sur le continent nord-américain, la mise en place de nouvelles taxes douanières a contraint Stellantis à suspendre temporairement certaines chaînes d’assemblage, désorganisant ponctuellement la production.

Face à ces déséquilibres, des mesures de redressement ont été initiées. Mais leur impact reste, pour l’instant, marginal. Le groupe mise sur une amélioration progressive au second semestre, lorsque les nouveaux modèles seront mieux intégrés et que les lignes de production auront retrouvé leur stabilité. En attendant, la mécanique reste instable, comme un moteur calé entre deux régimes.

Une envergure qui n’immunise pas contre les turbulences

La trajectoire actuelle rappelle que la taille ne garantit pas l’agilité. Avec une structure aussi tentaculaire, chaque décision stratégique engage une multitude d’usines, de partenaires et de réseaux de distribution. La moindre faille d’exécution peut rapidement se répercuter sur l’ensemble du système.

Ce premier semestre marque donc un tournant délicat. Stellantis reste l’un des poids lourds de l’automobile mondiale, mais il doit maintenant prouver qu’il sait gérer des transformations profondes sans perdre en cohérence ni en compétitivité. Les prochains mois seront cruciaux pour regagner la confiance des marchés et démontrer que ce repli n’est qu’un à-coup temporaire, et non le symptôme d’un désalignement plus durable.

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