Dangote : une fraude éclate au grand jour, voici la mesure prise

La raffinerie de Dangote, l’un des symboles les plus puissants de l’industrialisation nigériane, s’était récemment engagée dans une initiative ambitieuse : vendre du carburant raffiné à prix réduit pour favoriser un meilleur accès à l’énergie et soulager la pression économique sur les distributeurs locaux. Ce programme, présenté comme une réponse directe à la flambée des prix de l’essence provoquée par la fin des subventions étatiques, visait à assurer un approvisionnement régulier en carburant tout en maintenant la viabilité financière des commerçants affiliés au réseau Dangote. Mais cette stratégie vient d’être brutalement interrompue, rattrapée par des dérives internes.

Une chaîne de confiance trahie

L’initiative reposait sur un principe simple : accorder des tarifs préférentiels aux partenaires officiels afin de créer un effet d’amortisseur dans la chaîne de distribution. Or, l’effet escompté s’est inversé. Certains distributeurs agréés ont utilisé leur accès privilégié pour servir de relais à des acteurs non enregistrés, vendant les produits à prix subventionnés à des prix commerciaux nettement plus élevés. Au lieu de permettre aux stations affiliées de proposer un carburant accessible, ces pratiques ont gonflé les marges de fraudeurs et asséché les stocks des véritables points de vente agréés.

Les détournements ne se limitaient pas à quelques litres : des camions entiers ont été redirigés vers des commerçants tiers. Ces derniers, souvent absents du réseau officiel, ont exploité l’occasion pour engranger des profits en revendant le carburant au prix du marché. C’est un peu comme si un pont construit pour désenclaver une région devenait un passage clandestin pour la contrebande : au lieu de fluidifier le trafic, il le détourne et le déstabilise.

Une décision radicale pour stopper l’hémorragie

Face à l’ampleur du scandale, la direction de la raffinerie a tranché : mettre fin temporairement au programme. Cette mesure, bien qu’impopulaire parmi les distributeurs de bonne foi, a été jugée nécessaire pour restaurer la rigueur dans la chaîne de distribution. Le programme de remise n’avait plus de raison d’être tant qu’il servait d’aubaine à des intermédiaires indélicats plutôt que de renforcer l’accès à l’énergie.

La décision révèle aussi les limites de la régulation dans un écosystème où les incitations au gain rapide peuvent détourner les meilleures intentions. En l’absence de contrôles robustes, même les réseaux officiellement encadrés peuvent être infiltrés. L’arrêt du programme est un aveu de vulnérabilité, mais aussi un signal fort : Dangote ne veut plus distribuer à l’aveugle.

Une promesse de rupture compromise

La raffinerie Dangote n’est pas une entreprise ordinaire. Présentée comme la plus grande d’Afrique, elle incarne l’ambition du Nigéria de maîtriser sa chaîne énergétique, de la production à la distribution. Dans un pays longtemps dépendant des importations de carburant malgré son statut de producteur de brut, la raffinerie devait marquer un tournant. Le programme de réductions visait à démontrer que cette industrialisation pouvait aussi servir l’intérêt collectif, en rendant le carburant plus accessible sur le territoire national.

Mais les dérives découvertes remettent en cause cette promesse. Si une telle structure ne parvient pas à garantir l’intégrité de sa chaîne logistique, la crédibilité de tout un modèle industriel peut vaciller. Ce n’est plus simplement une affaire de prix à la pompe, mais de confiance dans la capacité du secteur privé à jouer un rôle structurant sans reproduire les travers du passé.

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