Dessalement au Maghreb : une opération unique menée avec succès

Face à l’épuisement progressif des nappes souterraines et à une pluviométrie de plus en plus imprévisible, la région du Souss-Massa, dans le sud-ouest du Maroc, explore des alternatives inédites pour préserver son activité agricole. Parmi elles, un projet d’envergure s’est imposé : utiliser l’eau de mer, rendue douce par un processus de dessalement, pour irriguer les exploitations. Une mutation qui redessine le paysage agricole de la plaine de Chtouka.

Une station de dessalement au cœur de la transition hydrique

À quelques kilomètres de l’océan, l’installation de dessalement de Chtouka Aït Baha produit quotidiennement plus de 270.000 mètres cubes d’eau douce. Une part importante de ce volume, soit environ 125.000 m³, est acheminée vers les terres agricoles. Cette ressource artificialisée permet aujourd’hui de maintenir en activité environ 1.500 exploitations, qui s’étendent sur 15.000 hectares, principalement consacrés à la culture de la tomate selon l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL).

Depuis la fin de l’année 2022, l’utilisation de l’eau dessalée a pris une place importante dans l’arrosage des cultures locales, en particulier pour la tomate, produit phare de la région. Cette approche porte déjà ses fruits avec des tomates prêtes à être acheminées vers les étals européens. Ce mode d’irrigation, bien que plus coûteux, s’impose comme une solution efficace pour maintenir une production stable et compétitive, même en période de pénurie d’eau douce.

Un équilibre économique fragile

Malgré ses avantages sur le plan écologique, cette ressource transformée reste onéreuse pour les exploitants. Elle est vendue à 5 dirhams hors taxes par mètre cube, un prix rendu accessible grâce à un appui financier de l’État qui couvre une partie des coûts de production. Sans ce soutien, le montant à débourser avoisinerait le double. À titre de comparaison, l’eau extraite des nappes ou acheminée depuis des sources superficielles revient jusqu’à cinq fois moins cher.

Ce différentiel contraint les producteurs à limiter l’usage de cette eau aux cultures à forte valeur ajoutée. Toutes les exploitations ne peuvent pas absorber cette charge supplémentaire, ce qui freine une adoption plus large de la solution.

Un modèle reproductible sous conditions

Le cas de Chtouka montre qu’avec une volonté politique affirmée et des investissements structurants, il est possible d’atténuer les effets de la crise hydrique sur l’agriculture. En contribuant au maintien de centaines de milliers de journées de travail et à la sauvegarde d’importants capitaux investis dans le secteur, ce projet représente un exemple de résilience territoriale.

Alors que les défis climatiques s’intensifient dans de nombreuses régions d’Afrique du Nord et du Sahel, l’initiative de Chtouka pourrait servir de modèle, à condition de maîtriser les coûts et d’adapter les cultures aux nouvelles réalités économiques de l’eau.

1 réflexion au sujet de « Dessalement au Maghreb : une opération unique menée avec succès »

  1. La démarche est bonne puisqu’avec le réchauffement ce sera passage obligé pour tout le monde vers le dessalement. Que ce soit au Maroc, au sud de la France comme au nord du Canada (ouais même là l’eau des océan monte et rend les cours d’eau salée sur des kilomètres à l’intérieur des terres).

    Seul bémol en même temps que l’installation de centre de dessalement pour les cultures et l’usage domestique.

    Est-ce possible d?investir dans la limitation voir la suppression de la pollution marine ?

    Je ne suis pas un expert mais si on relâche des résidus de pesticides, des sorties d’eaux usées et des des plastiques en tout genre dans l’océan PUIS qu’on pompe cette même eau pour arroser les champs…

    Ya pas kiki dirais un tite problème ?!

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