Depuis sa réinstallation à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump s’emploie méthodiquement à relancer les piliers de son programme économique, parmi lesquels les barrières douanières tiennent une place centrale. Cette stratégie protectionniste, déjà marquante lors de son premier mandat, revient avec une vigueur renouvelée. Le président américain a annoncé avoir signé une série de lettres à destination d’une douzaine de partenaires commerciaux, lettres qui seront expédiées lundi prochain. Objectif : leur notifier des augmentations significatives de droits de douane sur leurs exportations vers les États-Unis.
Une approche transactionnelle assumée
Trump ne masque pas son intention : il veut que les pays commerçant avec les États-Unis « paient leur part » pour accéder au marché américain. Selon lui, cette méthode directe aurait déjà porté ses fruits dans le passé avec le Royaume-Uni ou encore la Chine. Il évoque un échange de bons procédés qui, selon ses dires, a bénéficié aux deux camps. Mais au-delà des déclarations, ce sont les montants envisagés qui attirent l’attention : les nouveaux droits pourraient varier de 10 % à 20 % dans certains cas, mais atteindre jusqu’à 70 % pour d’autres partenaires.
Cette communication sous forme de lettres officielles s’inscrit dans une stratégie de mise sous pression claire. Elle vise à forcer des concessions ou à déclencher des renégociations bilatérales, avec la date du 9 juillet comme ligne rouge. Faute d’accord d’ici là, les nouvelles taxes entreront en vigueur dès le 1er août. L’approche rappelle davantage une négociation commerciale privée qu’une politique publique multilatérale. Trump transforme ici la diplomatie économique en échange direct de factures.
Une nouvelle ère de tensions commerciales ?
Avec cette offensive, les relations commerciales internationales risquent de replonger dans une période de forte instabilité. L’annonce résonne comme un avertissement à peine voilé à l’Union européenne, à l’Asie et à d’autres puissances exportatrices. Chaque pays recevra un traitement personnalisé, selon une grille d’analyse où le déficit ou l’excédent avec les États-Unis semble jouer un rôle central. La logique d’ensemble est simple : qui vend beaucoup aux États-Unis sans acheter autant sera davantage taxé.
Cette logique a cependant des implications profondes. Elle pourrait, à court terme, générer des hausses de prix pour les consommateurs américains, en particulier sur les biens importés. En retour, elle pourrait aussi nourrir une vague de représailles commerciales, comme cela avait été le cas lors des tensions entre Washington et Pékin en 2018-2019. Le retour de ce bras de fer pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement déjà fragilisées par des crises successives. L’agroalimentaire, l’automobile ou encore l’électronique pourraient se retrouver en première ligne.
Une offensive économique à haute portée politique
Derrière cette série de lettres, c’est une vision politique qui s’affirme : celle d’un président qui cherche à réaffirmer la souveraineté économique des États-Unis et à parler directement à ses électeurs, notamment dans les États industriels. Ce retour du thème des « bons deals » américains s’accompagne d’un discours volontariste et simple à comprendre : les autres pays doivent contribuer équitablement s’ils veulent accéder au marché américain. L’effet d’annonce participe aussi à nourrir l’image d’un président combatif, décidé à renégocier l’ordre économique mondial à sa manière.
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