Gaz au Maghreb: un pays européen augmente ses importations

Dans un contexte mondial où les ressources énergétiques sont devenues un enjeu stratégique, le gaz naturel conserve une valeur cardinale pour les pays importateurs. C’est particulièrement vrai pour l’Italie, qui renforce ses liens avec l’Algérie, devenue l’un de ses principaux fournisseurs. Au cours des quatre premiers mois de l’année, les exportations algériennes vers l’Italie ont atteint 3,8 milliards d’euros, en hausse de 6,5 % par rapport à l’année précédente. Cette progression repose en grande partie sur les volumes de gaz sec acheminés par le gazoduc Transmed, qui à lui seul a assuré 79 % de la valeur totale des exportations algériennes vers l’Italie, soit plus de 3 milliards d’euros.

Ce recours renforcé au gazoduc n’est pas anodin. Il répond à un impératif logistique après l’arrêt technique de la principale centrale algérienne de liquéfaction de GNL à la fin de l’année dernière. Pour compenser ce ralentissement, les autorités algériennes ont redirigé les volumes exportés vers le gazoduc, garantissant ainsi la continuité de l’approvisionnement italien. L’Algérie s’est ainsi imposée comme un partenaire fiable, en répondant à une demande croissante dans un climat d’incertitude énergétique, marqué par les perturbations provoquées par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie.

Des échanges dominés par le gaz mais en voie de diversification

Si le gaz reste au cœur de la relation économique entre Alger et Rome, d’autres produits énergétiques y trouvent également leur place. Les exportations de produits pétroliers ont atteint 266 millions d’euros, soit environ 7 % de l’ensemble des exportations algériennes vers l’Italie. À cela s’ajoutent les produits raffinés, estimés à plus de 62 millions d’euros. Ces chiffres confirment la centralité du secteur énergétique, mais montrent aussi l’amorce d’une diversification progressive dans les échanges.

Du côté italien, les exportations vers l’Algérie se portent bien. Elles ont progressé de 7,4 %, atteignant près d’un milliard d’euros. Les machines industrielles arrivent en tête, représentant 216 millions d’euros, suivies du secteur automobile (60 millions d’euros). Ce flux croissant témoigne d’un intérêt mutuel à intensifier les relations commerciales au-delà du strict cadre énergétique. Les entreprises italiennes renforcent leur présence sur le marché algérien, notamment dans des secteurs tels que l’industrie et l’agriculture, ouvrant ainsi la voie à un échange plus équilibré.

Une relation consolidée par la conjoncture géopolitique

La montée en puissance de l’Algérie dans le paysage énergétique européen s’inscrit dans une réalité géopolitique bouleversée. Alors que plusieurs États européens tentent de réduire leur dépendance au gaz russe, l’Italie a opté pour un partenariat plus affirmé avec Alger, scellé par une série d’accords ces trois dernières années. Ce rapprochement, motivé par des considérations de sécurité énergétique, permet à Rome de sécuriser ses approvisionnements à long terme tout en développant des partenariats dans d’autres secteurs stratégiques.

Les chiffres sont parlants : 4,79 milliards d’euros d’échanges commerciaux ont été enregistrés entre les deux pays sur la période analysée. La balance commerciale penche largement en faveur de l’Algérie, mais l’augmentation constante des exportations italiennes montre que le partenariat se veut plus équilibré. En s’appuyant sur ses atouts énergétiques, l’Algérie s’offre une position privilégiée dans le jeu méditerranéen, tandis que l’Italie trouve en elle une réponse à ses besoins vitaux. Une alliance fondée sur la complémentarité et consolidée par l’urgence d’adapter les chaînes d’approvisionnement aux réalités du moment.

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