Dans un monde où les alliances évoluent au rythme des mutations géopolitiques et économiques, certaines coopérations résistent à l’épreuve du temps et se transforment en véritables leviers de développement partagé. C’est le cas du partenariat entre le Portugal et le Maroc, que les dirigeants des deux pays s’emploient à réactiver avec force, ambition et pragmatisme. La récente rencontre à Lisbonne entre Paulo Rangel, ministre d’État et des Affaires étrangères portugais, et Nasser Bourita, son homologue marocain, en est une nouvelle illustration.
Un socle historique au service d’un partenariat dynamique
Les fondations du lien entre Rabat et Lisbonne ne datent pas d’hier. Deux jalons historiques encadrent cette relation : le Traité de Paix de 1774, signé il y a 250 ans, et le Traité d’Amitié, de Bon Voisinage et de Coopération conclu en 1994. Ces textes, loin de relever du symbolique, continuent d’inspirer les choix politiques et les projets communs entre les deux nations. L’objectif est clair : faire évoluer une relation diplomatique exemplaire vers un partenariat stratégique pleinement opérationnel, à la fois sur le plan bilatéral et dans les enceintes internationales.
À Lisbonne, les deux ministres ont réaffirmé la volonté de traduire cette relation historique en initiatives concrètes, avec un accent particulier sur les engagements pris lors de la Réunion de Haut Niveau de mai 2023. Il ne s’agit plus seulement de réaffirmer une amitié, mais de la projeter dans des actions à fort potentiel, capables de générer des résultats mesurables.
Hydrogène vert, interconnexion et mobilité : des axes d’avenir
Le Maroc et le Portugal regardent désormais ensemble vers des domaines d’avenir, où leurs complémentarités géographiques et économiques peuvent être mises à profit. Parmi les axes prioritaires évoqués figurent l’hydrogène vert, vecteur de la transition énergétique, et le projet d’interconnexion électrique. Ce dernier vise à faciliter l’échange d’énergie entre les deux rives de l’Atlantique, avec un effet levier potentiel pour les entreprises et les réseaux d’infrastructure des deux pays.
Au-delà de l’électricité, les deux parties ont également exprimé leur volonté d’améliorer la connectivité maritime, une composante stratégique pour le commerce, le tourisme et la mobilité des citoyens. L’idée est d’installer des passerelles économiques et logistiques stables, durables et sécurisées, qui rapprochent davantage les sociétés civiles que les kilomètres ne peuvent séparer.
Une Coupe du Monde comme moteur d’intégration régionale
À l’horizon 2030, un autre projet scelle cette convergence : l’organisation conjointe de la Coupe du Monde de football par le Maroc, le Portugal et l’Espagne. Cet événement mondial dépasse largement la seule dimension sportive. Il est envisagé comme un catalyseur pour des investissements structurants, mais aussi comme une opportunité d’intensifier les échanges culturels et humains entre les trois pays coorganisateurs.
En parallèle, Rabat et Lisbonne entendent poursuivre leur coordination dans les enceintes internationales, nourris d’objectifs partagés allant de la stabilité régionale à la défense de politiques concertées en matière migratoire, environnementale ou sécuritaire.



