L’Algérie occupe une place importante dans l’économie du Maghreb, en grande partie grâce à ses vastes ressources en hydrocarbures et à la taille de son marché intérieur. Si elle ne peut être qualifiée de puissance économique pleinement diversifiée, elle reste l’un des pays les plus influents de la région sur le plan macroéconomique. Dotée de réserves de change significatives, d’une dette extérieure quasi inexistante et d’une stabilité budgétaire relative, l’Algérie affiche aujourd’hui des indicateurs économiques globalement positifs. Toutefois, ce tableau reste dépendant de la conjoncture énergétique mondiale et des efforts réels de transformation de son économie.
Pour le président Abdelmadjid Tebboune, les performances actuelles justifient un optimisme mesuré. Il met en avant une croissance estimée à au moins 4 % en 2024, soutenue par une relance des investissements, une dynamique dans l’agriculture et une stabilité monétaire retrouvée. Le taux d’inflation serait ainsi tombé sous la barre des 4 %, contre 9,7 % en 2020. À ses yeux, ces chiffres témoignent d’un redressement maîtrisé, dans un contexte régional souvent marqué par les déséquilibres.
Sur le plan budgétaire, le chef de l’État insiste sur l’absence de dette extérieure comme un choix stratégique, soulignant que, contrairement à d’autres économies, l’Algérie ne cède pas à la tentation de l’endettement massif. Il reconnaît cependant l’existence d’un déficit budgétaire et de dettes internes, mais affirme que ces mécanismes sont gérés de manière compatible avec la nature sociale de l’État.
Production nationale et rupture avec les pratiques du passé
L’un des axes majeurs mis en avant est la volonté de réduire la dépendance aux hydrocarbures, une orientation amorcée depuis plusieurs années. Cette stratégie passe notamment par le renforcement de la production locale dans des secteurs jugés prioritaires, comme l’automobile. De grandes marques internationales sont attendues pour le lancement de lignes d’assemblage, avec des taux d’intégration dépassant les 40 % dès le démarrage. Contrairement aux expériences passées limitées à l’assemblage de kits importés, l’État exige désormais un véritable tissu de sous-traitance nationale, condition sine qua non à l’autorisation d’importation de véhicules.
Dans le même esprit, le président Tebboune entend mettre fin à la logique d’économie parallèle, souvent perçue comme un frein à la transparence et à la modernisation. La régulation de la micro-importation via le statut d’auto-entrepreneur est présentée comme une première étape vers l’intégration de cette sphère informelle. L’objectif est de canaliser une activité économique diffuse et souvent incontrôlée pour en faire un levier de croissance officiel et fiscalisé.
Le secteur agricole illustre également cette volonté de changement. Alors qu’il était auparavant considéré comme une simple activité de subsistance, l’agriculture algérienne affiche désormais des performances proches de celles de certains pays européens, selon le président. Les productions enregistrées dans plusieurs wilayas confirment une montée en puissance portée par les agriculteurs et les investisseurs privés. Pour la première fois depuis 63 ans, l’Algérie serait autosuffisante en blé dur, et poursuit ses efforts dans d’autres filières comme le maïs, l’orge ou le blé tendre.
Refus de l’austérité et maintien de la politique sociale
Face à la baisse des prix du pétrole, le gouvernement algérien refuse d’entrer dans une logique d’austérité. Au contraire, le président Tebboune affirme que la gestion budgétaire repose désormais sur des priorités ciblées plutôt que sur des coupes généralisées. Cette approche, selon lui, permet de préserver l’essentiel sans compromettre les équilibres fondamentaux.
Les transferts sociaux, qui oscilleraient entre 13 et 14 milliards de dollars par an, sont maintenus. Ces aides, combinées aux subventions sur les produits de large consommation, constituent un filet de sécurité que le chef de l’État juge compatible avec la stabilité macroéconomique. Il insiste sur le fait que ces efforts n’engendrent pas de déséquilibre structurel et permettent de prémunir la population contre des pénuries connues par le passé, comme celles des huiles ou des pâtes alimentaires.
Sur la scène internationale, le président algérien prend ses distances avec certaines recommandations du Fonds monétaire international, estimant que chaque pays doit adapter les conseils techniques à sa propre trajectoire. Il rappelle que « tous les pays ont une dette intérieure », mais que ce n’est pas un motif de remise en cause des orientations nationales. Il voit dans l’autonomie économique de l’Algérie une condition de son indépendance politique, et rejette les critiques qu’il attribue à des voix financées dans l’ombre, selon lui, pour entretenir la défiance populaire.



