La dynamique de coopération entre l’Algérie et la Libye dans le secteur des hydrocarbures connaît un regain significatif, avec la signature récente de quatre protocoles d’accords entre des entreprises des deux pays. Ces engagements s’inscrivent dans le sillage du retour de la compagnie Sonatrach sur le sol libyen en 2023, après une interruption de près de dix ans. Ils témoignent d’une volonté partagée de renforcer les synergies régionales dans un secteur stratégique pour les économies des deux États.
Des partenariats techniques pour relancer l’exploration
Les accords signés concernent des segments techniques essentiels de la chaîne de valeur des hydrocarbures : géophysique, services aux puits, travaux de laboratoire et transfert de compétences. Parmi eux, un protocole a été conclu entre ENAGEO, filiale de Sonatrach, et la société libyenne NAGECO pour mutualiser leurs ressources en matière de traitement et d’interprétation sismique. Un second accord unit ENSP, autre filiale algérienne, à la société JOT, autour de prestations liées aux tests de puits et opérations de forage, tant en Algérie qu’à l’étranger.
Ces collaborations témoignent d’une approche orientée vers l’expertise partagée et l’efficacité opérationnelle, dans un contexte où la Libye cherche à reconstituer ses capacités de production, fortement altérées par plus d’une décennie de troubles. Le pays ambitionne un retour à une production de 2 millions de barils par jour, soit son niveau de 2010.
La Libye, levier stratégique pour Sonatrach
Au-delà de ces accords, le contexte libyen constitue une opportunité stratégique pour Sonatrach, engagée dans une politique d’expansion sur le continent. La relance attendue des appels d’offres pour le développement de nouveaux blocs pétroliers et gaziers ouvre la voie à une implantation plus durable du groupe algérien dans ce marché voisin. La compagnie a déjà investi dans deux blocs du bassin de Ghadamès, et l’enjeu gazier pourrait désormais prendre le relais du pétrole dans ses priorités régionales.
Dans un environnement mondial marqué par la recomposition des chaînes d’approvisionnement énergétiques, cette coopération maghrébine pourrait renforcer la résilience énergétique des deux pays tout en créant des effets d’entraînement pour les filières industrielles locales.
Une alliance entre voisins aux ressources complémentaires
L’Algérie et la Libye figurent parmi les pays les plus dotés en ressources fossiles du continent africain. Si la première dispose d’une expertise reconnue dans la production et le transport des hydrocarbures, la seconde possède un sous-sol encore largement sous-exploité du fait de son instabilité politique passée. L’articulation entre savoir-faire et potentiel géologique offre un terreau fertile à des partenariats industriels à haute valeur ajoutée.



