L’inflation, phénomène économique globalement perçu comme un indicateur clé de la santé financière d’un pays, reste un sujet sensible en Algérie. Depuis 2001, l’inflation a profondément modifié la réalité économique du pays, avec un impact direct sur le pouvoir d’achat des Algériens. Si l’inflation peut résulter de nombreux facteurs internes et externes, l’expérience algérienne est marquée par une série de hausses incessantes des prix qui ont conduit à un renchérissement presque tripartite du coût de la vie en seulement 24 ans.
Une hausse significative des prix
Entre 2001 et 2024, l’Algérie a vu son indice des prix à la consommation se multiplier par 2,8. Cette tendance à la hausse a touché toutes les catégories de produits et services, mais c’est dans l’alimentaire que l’impact a été le plus marqué. Les produits alimentaires ont connu une augmentation de 3,1 fois, bien au-delà de la hausse générale observée dans d’autres secteurs. Les services ont également vu leurs tarifs grimper de 2,4 fois, et les secteurs du transport et des communications ont vu des hausses de 2,3 fois. Ces chiffres, loin d’être anecdotiques, montrent une pression croissante sur le quotidien des Algériens, notamment les plus vulnérables face à cette inflation.
L’Algérie a souffert, au cours des dernières années, des conséquences des crises mondiales, comme la pandémie de Covid-19 et la flambée des prix sur les marchés internationaux. Cependant, la hausse des prix n’a pas été seulement la conséquence de facteurs externes, mais aussi de politiques internes souvent peu cohérentes, qui ont laissé les ménages démunis face à des hausses parfois dramatiques des prix des biens essentiels.
2024 : Une accalmie bienvenue mais fragile
Si l’année 2024 marque un certain soulagement avec une progression des prix modérée (+4,1 %), cela reste largement insuffisant pour effacer les conséquences de décennies d’inflation galopante. Les produits alimentaires, traditionnellement les plus touchés, n’ont vu leur prix augmenter que de 3,3 % en 2024, un net ralentissement par rapport à l’année précédente où la hausse avait atteint 13,3 %. Toutefois, la situation n’est pas uniforme, et des hausses importantes persistent. Le poisson frais, la viande de mouton, et la pomme de terre sont parmi les produits ayant continué de flamber en 2024. Cela montre que certains secteurs de l’économie, notamment les produits de première nécessité, restent extrêmement vulnérables aux fluctuations des marchés.
En revanche, des secteurs comme les fruits frais et les légumes ont enregistré des baisses notables, parfois jusqu’à 19 % pour certains produits, ce qui indique un léger répit pour les consommateurs. De même, les prix des biens manufacturés ont progressé plus modérément (+5,6 %), tandis que les secteurs des transports et des télécommunications sont restés relativement stables après plusieurs années de hausse.
Vers un ralentissement progressif mais incertain
Les perspectives pour 2025 semblent également prometteuses, bien qu’encore marquées par de nombreuses incertitudes. Selon des prévisions, le taux d’inflation pourrait continuer à ralentir, mais avec des fluctuations mensuelles parfois marquées. Au début de l’année 2025, certains indices de l’inflation étaient proches de 1,43 %, bien loin des niveaux vertigineux observés en 2023. Ce ralentissement, salué par le Fonds monétaire international, semble être le fruit de réformes économiques récentes, notamment la rationalisation des subventions et un contrôle plus strict des importations.
Cependant, le chemin reste semé d’embûches. Les défis de la diversification économique, le soutien à la production locale, et les incertitudes mondiales, notamment liées aux marchés énergétiques et agricoles, continuent de peser sur la stabilité économique du pays. De plus, la dépendance à l’égard des importations, malgré des tentatives d’auto-suffisance, demeure un facteur de vulnérabilité face aux crises extérieures.
La situation actuelle, bien qu’en amélioration, témoigne d’une économie encore fragile, incapable de se libérer totalement des chocs externes. Dans les années à venir, la stabilité économique de l’Algérie dépendra de sa capacité à maintenir un cap prudent, à poursuivre ses réformes structurelles et à renforcer la résilience de ses secteurs stratégiques face aux fluctuations mondiales.


