Maghreb : une ville prend une décision ridicule puis change d'avis

Dans certaines sociétés, le simple choix de vêtements peut déclencher des débats houleux. Dans les pays du Maghreb, les tenues jugées « légères« , notamment en période estivale, donnent souvent lieu à des polémiques nourries par des traditions conservatrices, des perceptions religieuses ou des normes sociales fortement ancrées. Chaque été, alors que les températures montent et que les plages attirent les foules, les discussions ressurgissent : jusqu’où peut-on aller dans l’espace public sans froisser les sensibilités locales ? Et qui décide de cette limite ?

Au cœur de cette sensibilité, la petite localité côtière de Chétaïbi, en Algérie, a récemment annoncé une décision qui a rapidement tourné à la farce. Le 7 juillet 2025, en pleine saison touristique, les élus municipaux ont imposé une règle interdisant aux habitants et visiteurs de se promener en tenues de baignade au sein de la ville, même loin des zones de baignade. Ce choix, pour le moins inattendu, a aussitôt déclenché un torrent de réactions.

Une mesure contestée et rapidement abandonnée

L’annonce a suscité une vague de critiques sur internet. De nombreux internautes ont dénoncé une décision jugée disproportionnée, voire absurde. Pour eux, ce genre de restriction reflète une volonté d’encadrer des comportements anodins sous couvert de respect des mœurs. Sur les réseaux sociaux, les moqueries ont fusé, certains soulignant l’ironie d’une ville en bord de mer tentant de bannir les maillots hors du sable.

Confrontée à cette explosion de commentaires négatifs, la mairie a tenté de calmer les esprits. Elle a expliqué que l’interdiction ne s’appliquait pas aux plages, mais uniquement à certains lieux ouverts au public. Ce rétropédalage, loin d’apaiser les critiques, a surtout renforcé l’impression d’une décision improvisée et mal pensée. La tentative de justification a été perçue comme un aveu d’échec, et la réputation de la commune s’est retrouvée écornée.

Entre contrôle local et réactions nationales

Au-delà de l’épisode lui-même, ce qu’il révèle est plus profond : certaines autorités locales tentent encore d’imposer des normes vestimentaires dans une société de plus en plus connectée, mobile et réactive. Une règle édictée dans un petit coin du littoral peut, en quelques heures, faire le tour du pays. Dans ce cas précis, la volonté de réglementer l’apparence en ville a semblé déplacée, surtout au moment où de nombreuses personnes cherchent simplement à se rafraîchir ou à profiter de leurs vacances.

La réaction immédiate des citoyens montre que les mentalités évoluent. Ce qui, autrefois, aurait été accepté sans discussion, fait désormais l’objet de contestation publique. Les jeunes générations, plus exposées à des modèles variés, perçoivent ce type d’interdiction comme un recul. Et les autorités, désormais contraintes de justifier leurs actes dans l’arène numérique, doivent faire preuve de plus de discernement.

Chétaïbi, en croyant bien faire, a offert une démonstration involontaire : vouloir imposer des règles rigides sur des sujets aussi quotidiens que l’habillement peut rapidement tourner au ridicule si cela heurte le bon sens. Le corps n’est plus simplement un objet de débat religieux ou culturel ; il est devenu un symbole d’affirmation personnelle. Et le short, dans cette histoire, un étendard de liberté urbaine.

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