Raffinerie en Afrique : face à Dangote, un pays entre en scène

Le Nigeria a marqué les esprits avec la mise en service de la méga-raffinerie de Dangote, mais un autre acteur africain entend désormais faire parler de lui. Le Mozambique dévoile un projet ambitieux de raffinerie, mené en partenariat avec le groupe énergétique Aiteo. L’objectif : répondre à la demande locale en carburants, réduire la dépendance aux importations et s’imposer comme un centre industriel du raffinage en Afrique australe.

Une plateforme évolutive pour stimuler la production locale

Le projet prévoit une montée en puissance en deux phases : une première ligne de traitement de 80 000 barils par jour, qui sera ensuite portée à une capacité maximale de 240 000 barils. Ce format progressif permet d’accélérer le déploiement, tout en assurant la fiabilité de l’exploitation. L’installation utilisera une technologie modulaire, peu complexe, qui offre plus de souplesse dans l’extension des capacités.

La construction a été confiée à la société américaine Deerfield Energy Services LLC, dans le cadre d’un contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (EPC). L’unité produira de l’essence, du diesel, du kérosène et du naphta, avec une vocation double : couvrir les besoins nationaux et approvisionner les marchés voisins. Pour Aiteo et ses partenaires, le défi est aussi économique que logistique.

Un engagement politique affirmé dans l’industrialisation

La signature du contrat a été présidée par le chef de l’État, Daniel Chapo, qui voit dans cette raffinerie un moteur de transformation pour le pays. Portée par un partenariat entre Aiteo US Corporation et la compagnie pétrolière publique Petromoc, l’initiative s’insère dans une vision de développement industriel et de renforcement des capacités locales. Elle devrait générer des milliers d’emplois et favoriser l’émergence de nouvelles chaînes de valeur liées à l’énergie.

« Ce contrat EPC marque une étape décisive pour Aiteo et l’avenir énergétique du Mozambique », a déclaré Dr Ransome Owan, directeur général des infrastructures du groupe Aiteo. « Il réduira la dépendance aux importations, créera des emplois et permettra au Mozambique de devenir un pôle majeur du secteur énergétique aval de la région. »

La raffinerie contribuera aussi à élargir l’accès aux carburants domestiques plus propres, notamment le gaz de pétrole liquéfié (GPL), un point crucial pour les zones rurales où les solutions de cuisson restent encore rudimentaires.

Une stratégie énergétique au service de l’influence régionale

Le Mozambique parie sur l’effet de levier de ce projet pour redessiner sa place sur la carte énergétique du continent. En attirant des partenaires internationaux, en misant sur une ingénierie éprouvée, et en misant sur des besoins énergétiques croissants dans la région, le pays entend ne plus être un simple point de transit pour le gaz naturel liquéfié ou les produits bruts.

Cette raffinerie n’est pas seulement un chantier industriel : elle représente une ambition claire de jouer un rôle plus actif dans la transformation énergétique du sud de l’Afrique. Pour Aiteo, déjà présent dans plusieurs pays du continent, c’est une opportunité de confirmer son statut de catalyseur de projets stratégiques. Pour le Mozambique, c’est peut-être le début d’un repositionnement économique fondé sur l’énergie, l’industrialisation et la maîtrise de ses ressources.

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