Sénégal : 30 000 personnes ciblées par un projet d’électrification

Au premier trimestre 2025, l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (ASER) a électrifié 172 villages, un chiffre qui dépasse déjà la moyenne annuelle de ces dernières années. Ce bond en avant, salué sur les réseaux sociaux comme un tournant encourageant, démontre que la stratégie de déploiement accéléré commence à produire des résultats visibles. Dans la foulée de cette performance, le lancement officiel du projet Aser-Irena, le 15 juillet à Dakar, confirme une volonté d’aller encore plus loin pour toucher les zones les plus isolées du territoire.

Le programme vise à offrir un premier accès à l’électricité à 30 000 personnes dans les régions de Saint-Louis, Louga, Kaffrine, Matam et Tambacounda. Une ambition rendue possible grâce à une enveloppe de 7,9 milliards de FCFA, mobilisée en grande partie par le Fonds d’Abu Dhabi pour le Développement. L’État du Sénégal y apporte une contribution directe de 100 millions de FCFA. Cet effort financier, conjugué à une ingénierie ciblée sur les énergies renouvelables, marque un nouveau jalon vers un accès élargi et équitable à l’électricité.

Du solaire pour un accès durable et autonome

Plutôt que de miser sur des extensions de réseau longues et coûteuses, le projet privilégie la création de mini-centrales solaires dans les zones identifiées. Ces installations photovoltaïques autonomes sont pensées pour produire une capacité totale estimée à deux mégawatts, avec une technologie adaptée aux réalités locales. Cette électricité, une fois injectée, viendra renforcer le mix énergétique du pays, tout en assurant une indépendance énergétique aux communautés bénéficiaires.

Malick Ngom, chef du projet, a précisé au Soleil que les travaux ne concerneraient pas uniquement les nouvelles infrastructures. « Nous allons également procéder à la maintenance et au renforcement de 18 centrales solaires déjà en service », a-t-il expliqué en marge de l’atelier de lancement. Cette double approche permet non seulement d’élargir la couverture mais aussi d’éviter l’abandon des équipements existants, souvent négligés dans les plans d’expansion classiques.

Un enjeu d’équité territoriale

L’accès à l’électricité reste un facteur structurant du développement local. Dans les zones rurales, il conditionne aussi bien l’éducation que la santé, l’entrepreneuriat ou la sécurité. En ciblant des régions comme Tambacounda ou Matam, où les taux d’électrification demeurent faibles, le projet Aser-Irena tente de réduire les inégalités d’accès aux services de base.

Au-delà de la production d’énergie, cette initiative renforce aussi les capacités techniques nationales, en misant sur une gestion locale des installations et un suivi dans le temps. L’exemple du premier trimestre 2025, où l’ASER a dépassé ses performances habituelles, montre qu’un changement d’échelle est possible lorsque les moyens suivent une volonté politique claire.

À l’heure où le Sénégal cherche à élargir les fondements de son développement, l’électrification rurale devient bien plus qu’une priorité technique. Elle est un outil de justice territoriale, de relance économique, et de transformation concrète du quotidien de milliers de familles.

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