Lorsque la Maison des Nations unies de Diamniadio a été inaugurée avec faste en novembre 2023, les autorités sénégalaises espéraient marquer un tournant diplomatique et urbain. Ce complexe de 60 000 m², présenté comme le futur quartier général de l’ONU au Sénégal, devait réunir sous un même toit les 34 agences présentes dans le pays. Située dans la ville nouvelle de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar, cette infrastructure de 175 milliards de francs CFA ambitionnait d’incarner la montée en puissance du Sénégal sur la scène régionale, voire continentale. Pourtant, près d’un an après sa réception, les lieux demeurent désespérément vides.
Le paradoxe est frappant : un bâtiment clé en main, moderne, climatisé, connecté, équipé selon les normes internationales… mais que personne n’occupe. Pendant que les agences onusiennes prolongent leurs baux à Dakar ou s’accommodent du télétravail, la Maison attend ses premiers bureaux, ses premiers dossiers, ses premiers couloirs animés. Une situation qui alimente les critiques sur l’utilité réelle du projet et fait craindre un lent délabrement d’une infrastructure censée être un levier d’aménagement et de rayonnement.
Silence institutionnel, rumeurs diplomatiques
Du côté des autorités sénégalaises comme des représentants de l’ONU, les déclarations sont rares et prudentes. Les premières évoquent des « discussions techniques en cours », les seconds parlent d’un dossier « sensible ». Ce mutisme alimente les interrogations sur la gouvernance du projet. Certains analystes évoquent des divergences internes aux Nations unies quant à la centralisation des agences dans un même lieu. D’autres pointent une réticence logistique à quitter Dakar pour Diamniadio, peu desservie, sans dynamique commerciale claire, ni offre résidentielle suffisante pour les cadres internationaux.
En toile de fond, la concurrence régionale se dessine. Kigali, la capitale rwandaise, aurait selon certaines sources manifesté son intérêt pour accueillir certaines agences en quête de relocalisation. Dans ce bras de fer feutré, le Sénégal risque de perdre l’avantage symbolique que ce bâtiment représentait. D’autant plus que le modèle de la « diplomatie immobilière », consistant à construire pour offrir, est regardé avec prudence à New York, notamment pour ce qui touche à la transparence dans les marchés publics.
Une urgence technique et politique à clarifier
Le plus préoccupant demeure la situation physique du bâtiment. Sans entretien quotidien, sans rotation de personnel, sans occupation fonctionnelle, une structure de cette taille est vulnérable à la dégradation. Chaque jour d’inoccupation renforce le coût caché du projet.
Au-delà des enjeux techniques, la Maison vide pose une question de méthode et de vision. Construire sans garantir l’adhésion des partenaires, aménager sans intégrer les usages, investir sans coordonner les acteurs : autant d’erreurs qui fragilisent la portée d’un projet pourtant porteur d’ambitions légitimes. Si la Maison des Nations unies devait rester vide encore longtemps, elle pourrait devenir, aux yeux de l’opinion publique, le symbole d’un volontarisme mal arrimé au réel.
Il appartient désormais au gouvernement de Bassirou Diomaye Faye de clarifier les termes du dialogue avec l’ONU, d’ouvrir le chantier de l’occupation, ou d’envisager une réaffectation partielle des espaces. Le bâtiment ne peut rester longtemps une vitrine éteinte. Dans une ville pensée pour être le visage de demain, un tel vide devient un miroir gênant.




Et les sénégalais ils en pensent quoi de ce bâtiment de 175 Milliards de FCFA?
Personnellement je trouve honteux que l’ONU ne se soit pas opposée à sa construction. Combien de programmes auraient pu être financés avec tous ces milliards? Cela montre une nouvelle fois que l’organisation et ses dirigeants sont totalement déconnectés du monde réel.