Porté par un climat des affaires jugé stable et dynamique dans l’espace UEMOA, le Sénégal cherche à passer un cap décisif dans sa stratégie d’attractivité économique. Avec un indice de confiance des entreprises ayant atteint 101,9 à la fin de l’année 2024, le pays envoie désormais un message clair à ses partenaires économiques : moderniser son environnement juridique et fiscal pour consolider ses ambitions industrielles, numériques et écologiques. Trois chantiers structurants viennent illustrer cette volonté : la refonte du Code des Investissements, du Code Général des Impôts et du Code des Douanes.
Cette réforme d’ensemble ne se limite pas à un toilettage technique. Elle amorce une reconfiguration du rapport entre administration et investisseurs, dans une logique de clarté, de rapidité et de performance. Derrière ces trois textes en chantier se dessine un nouveau contrat économique, où la compétitivité du Sénégal dépendra autant de son capital humain que de la qualité de ses normes juridiques.
Un Code des Investissements au service du terrain
Au cœur de la stratégie figurent les Petites et Moyennes Entreprises, souvent qualifiées de colonne vertébrale de l’économie sénégalaise. Le nouveau Code des Investissements entend renforcer leur accès aux incitations fiscales, leur sécurisation foncière, et leur accompagnement administratif. L’Agence nationale pour la promotion des investissements (APIX) servira de guichet unique pour toutes les formalités, réduisant ainsi les délais et multipliant les portes d’entrée pour les entrepreneurs.
Cette orientation prend en compte les réalités territoriales et cherche à impulser des projets dans des zones jusqu’ici marginalisées. Substituer aux importations des productions locales, faciliter l’extension d’initiatives existantes, digitaliser les procédures, tels sont les leviers d’un dispositif pensé pour stimuler l’investissement productif sur tout le territoire. C’est aussi une réponse concrète à la volatilité des financements extérieurs, en mettant en place un cadre plus stable et maîtrisé par l’État.
Douanes et fiscalité : moderniser sans complexifier
Dix ans après la loi de 2014, le Code des Douanes entre lui aussi dans une phase de reconstruction profonde. L’enjeu n’est plus seulement d’assurer la collecte de droits et taxes, mais de positionner la douane comme acteur clé de l’intégration économique, de la sécurité commerciale et de la transition écologique. Ce nouveau cadre devra rendre possible une meilleure traçabilité des opérations, l’interopérabilité numérique avec les partenaires logistiques, et une fiscalité adaptée aux échanges dématérialisés.
Quant au futur Code Général des Impôts, il ambitionne de sortir d’une logique héritée pour entrer dans une architecture fiscale cohérente avec une économie endogène. Moins d’exemptions opaques, plus de lisibilité, une assiette élargie et des mécanismes d’incitation qui réorientent la croissance vers la création de valeur locale. Le tout dans un environnement réglementaire prévisible, garant de la stabilité recherchée par les investisseurs nationaux comme étrangers.
Au-delà des textes, c’est une nouvelle culture administrative que les autorités veulent faire émerger. Une culture qui valorise l’efficacité, réduit les points de blocage et place le service public au centre de l’économie réelle. Reste à voir si cette ambition se traduira dans la pratique par des résultats tangibles, au-delà des intentions affichées. Mais une chose est certaine : en engageant ces réformes simultanément, le Sénégal joue une carte majeure pour façonner son avenir économique avec méthode et confiance.



