Avec un score de 45 sur 100 dans l’Indice de perception de la corruption 2024 publié par Transparency International, le Sénégal affiche une légère amélioration par rapport à l’année précédente. Ce classement place le pays à la 69ᵉ position sur 180, un niveau intermédiaire, certes, mais encore éloigné des standards de gouvernance exemplaire. Ce sursaut arrive dans un climat alourdi par plusieurs scandales financiers récents, qui ont contribué à fragiliser la confiance du public envers certaines institutions.
Dans ce contexte tendu, la lutte contre la corruption ne peut plus être cantonnée aux seuls couloirs des bureaux de contrôle ou des prétoires. Elle doit aussi s’inviter là où se forment les futurs décideurs : les universités.
L’USSEIN rejoint le réseau des universités engagées
C’est à Kaolack, le 18 juillet 2025, que l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima Niasse (USSEIN) et l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) ont scellé un partenariat stratégique. L’accord ne se limite pas à des déclarations de principe. Il prévoit des programmes de formation, des modules pédagogiques centrés sur l’éthique publique, et des projets de recherche-action pour mieux outiller étudiants et personnels face aux dérives liées à la gestion des biens publics.
Avec cette signature, l’USSEIN devient la troisième université du pays à rejoindre ce dispositif, après l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) et l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK). Cette dynamique révèle une prise de conscience : la corruption n’est pas seulement une affaire d’élus ou de fonctionnaires, c’est aussi un phénomène culturel qui doit être combattu dès la formation.
Une stratégie d’anticipation, appuyée par la loi
En amont de ces accords, le cadre juridique de l’OFNAC a lui aussi connu une transformation importante. Depuis 2024, l’organe dispose de pouvoirs étendus, notamment en matière de garde à vue, d’enquêtes autonomes, et de prolongation des délais de prescription à sept ans pour les délits liés à la corruption et à l’enrichissement illicite. Ces réformes visent à donner des moyens concrets à la lutte contre l’impunité.
Mais les experts le répètent : les instruments juridiques ne suffisent pas à endiguer les pratiques opaques si une culture de transparence ne s’enracine pas dans les mentalités. En associant les universités à cette bataille, l’OFNAC cherche à créer un effet de levier générationnel, en misant sur des citoyens mieux armés pour refuser la fraude, dénoncer les abus, et défendre l’intérêt général.
Alors que le pays tente de reprendre le contrôle sur des secteurs exposés à la tentation, cette stratégie éducative pourrait bien marquer un tournant. Car une société qui forme ses jeunes à la probité est une société qui prépare activement sa résilience. Le Sénégal, en choisissant ce front universitaire, pose un acte à la fois pédagogique, symbolique et résolument politique.


