Sénégal : Faux médicaments en ligne, la police intercepte des suspects

Ce qui semblait n’être qu’un simple fil de discussion sur des applications de messagerie instantanée a fini par révéler un maillon actif d’un réseau de commerce illégal de médicaments au Sénégal. Depuis plusieurs années, le trafic de produits pharmaceutiques non autorisés se développe discrètement, mais dangereusement, à travers des canaux numériques difficilement contrôlables. Cette fois, la vigilance des autorités a permis d’identifier un point névralgique à Ouakam, avec à la clé l’interpellation de deux individus.

Une enquête déclenchée par une publicité numérique suspecte

Le produit mis en avant dans cette affaire, nommé EnnecoPro, était régulièrement promu sur les réseaux sociaux et des groupes de discussions privés. Les annonces étaient accompagnées de contenus à caractère sexuel visant à capter l’attention, suivis d’un numéro de contact permettant aux intéressés de commander discrètement, hors des circuits officiels. Ce mode opératoire, qui repose sur la facilité d’accès et la confidentialité, attire de plus en plus de consommateurs à la recherche de solutions rapides et bon marché, souvent au détriment de leur santé.

Alertée par ces pratiques, la Division Spéciale de Lutte contre la Cybercriminalité a lancé une opération discrète, en collaboration avec les autorités sanitaires. Les investigations ont conduit à Ouakam, où les deux mis en cause, de nationalité étrangère, ont été arrêtés. L’un d’eux a reconnu s’être spécialisé dans la vente de produits pharmaceutiques et de compléments alimentaires en ligne, affirmant que sa complice assurait l’approvisionnement. Lors des perquisitions, un important stock de médicaments illicites a été saisi, renforçant les soupçons d’un trafic organisé.

Matériel saisi et tentative de corruption

La fouille des domiciles et lieux de travail a permis de mettre la main sur dix ordinateurs, dix téléphones portables, un dispositif de vidéosurveillance, une SIM Box, des chaises, ainsi qu’une somme liquide de 15,5 millions FCFA. Selon les enquêteurs, cette somme aurait été proposée en tentative de corruption au moment de l’interpellation, confirmant une volonté manifeste d’entraver la procédure.

L’Agence Sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique a procédé à l’analyse des produits récupérés. Aucun d’eux ne disposait d’autorisation officielle de mise sur le marché. Certains composants, selon les premières constatations, présentent des risques sérieux pour la santé, notamment des effets secondaires imprévisibles, une inefficacité thérapeutique ou des interactions médicamenteuses dangereuses.

Un réseau numérique à la fois discret et menaçant

L’un des dangers majeurs de ce type de trafic réside dans sa capacité à se fondre dans la masse numérique. Les réseaux sociaux, initialement conçus pour le divertissement et la communication, sont aujourd’hui détournés par des individus qui exploitent les failles du système. L’absence d’encadrement légal strict dans le domaine de la vente pharmaceutique en ligne ouvre la voie à ce genre de dérives.

Ce dossier met en lumière l’urgence de renforcer la surveillance des circuits non conventionnels de distribution de médicaments, et surtout d’élargir la sensibilisation des populations aux dangers qu’ils encourent en achetant leurs traitements en dehors des pharmacies agréées. L’affaire de Ouakam ne constitue qu’un exemple parmi d’autres d’un phénomène qui prend de l’ampleur.

Les deux individus arrêtés seront poursuivis pour trafic illicite de médicaments, exercice illégal de la pharmacie, mise en danger de la santé d’autrui et tentative de corruption. En attendant l’issue judiciaire, la police nationale appelle les citoyens à rester vigilants et à signaler toute activité suspecte via les numéros gratuits mis à disposition.

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