Depuis le 18 juin, le système judiciaire sénégalais fonctionne au ralenti. Ce bras de fer qui oppose les greffiers à l’État ne montre aucun signe d’apaisement. Au premier jour d’un nouveau débrayage de 72 heures prévu les 28, 29 et 30 juillet, le climat se tend davantage. Ce mouvement, revendiquant l’application des accords de 2018 portant sur la hiérarchie A2 et le reclassement sans condition, suscite aujourd’hui des réactions de plus en plus critiques, notamment de la part du Forum du Justiciable, qui dénonce les conséquences humaines d’une grève devenue chronique.
Une justice paralysée et des citoyens piégés
Chaque semaine sans greffe, ce sont des milliers de dossiers qui s’empilent, des décisions qui ne peuvent être exécutées, et des justiciables qui sombrent dans l’incertitude. Le silence administratif autour de cette crise a fini par creuser un gouffre entre les agents grévistes et les citoyens ordinaires, prisonniers d’un conflit qui les dépasse. Des jugements en attente, des actes d’état civil bloqués, des procédures suspendues : c’est tout un pan de la vie civile qui reste en suspens.
Le Forum du Justiciable ne remet pas en cause la légitimité des revendications mais interpelle sur la méthode. Il appelle à une suspension partielle du mouvement ou à la mise en place d’un service minimum, afin de ne pas transformer la contestation professionnelle en épreuve sociale. « Ce qu’on fait subir aux justiciables est inhumain », martèle l’organisation, appelant le Premier ministre Ousmane Sonko à intervenir de toute urgence pour débloquer une situation devenue invivable.
Un dialogue gelé, une grève qui s’installe
Sur les réseaux sociaux, notamment via le compte @du_greffier, les agents restent fermes. Ils exigent le respect des engagements signés il y a sept ans, sans condition ni renégociation. Pour eux, il s’agit moins d’une revalorisation salariale que d’une question de justice institutionnelle. L’État a promis, l’État doit appliquer. Cette position inflexible traduit une lassitude profonde et une défiance ouverte vis-à-vis des promesses non tenues par les différentes administrations précédentes.
Le recours répété à la grève comme unique levier traduit également l’absence de médiation efficace. Le flou sur l’implication concrète du gouvernement actuel alimente les frustrations, tant chez les travailleurs de la justice que chez les citoyens affectés par les blocages. Ce face-à-face prolongé installe une forme de normalisation du dysfonctionnement, au point que certains justiciables commencent à contourner le système formel pour faire valoir leurs droits par des moyens officieux.
Ousmane Sonko face à un test politique et moral
Dans ce contexte, l’attente se porte désormais sur Ousmane Sonko, qui, après avoir focalisé l’attention sur la réforme de l’économie et les plans d’assainissement administratif, se retrouve confronté à une autre urgence : celle de restaurer le fonctionnement normal des institutions de justice. Cette crise judiciaire n’est pas seulement un conflit sectoriel ; elle est aussi un test de gouvernance. Sa capacité à trancher sans heurter, à dialoguer sans céder à la pression, sera scrutée.
Il ne s’agit plus simplement d’arbitrer une dispute technique, mais de répondre à une détresse civique. Entre les greffiers qui réclament leur dû et les citoyens qui demandent à être jugés, il faudra faire preuve d’équilibre. La grève actuelle, dans son intensité et sa durée, est devenue un révélateur : celle d’un système judiciaire fragile, où l’équité sociale dépend désormais de la signature tenue ou trahie d’un accord vieux de plusieurs années.
Pour qu’un retour à la normale soit possible, il faudra bien plus qu’un calendrier de reprise ou une déclaration ministérielle. Il faudra une volonté politique claire, une négociation structurée et surtout, une reconnaissance du tort causé à ceux qui n’ont ni voix syndicale, ni pouvoir de blocage : les justiciables ordinaires.



Sénégal n’est pas un pays des grèves qui dure un mois sans au moins les autorités trouvent solution.En plus nous les immigrés c’est grâce à nous que vous accédez au pouvoir.Vous ne savez même pas qu’un casier judiciaire est indispensable pour l’obtention d’une résidence européenne Svp on est fatigué régler le problème le plus vite possible