Ces derniers mois, les relations entre le Sénégal et la Mauritanie ont gagné en intensité, notamment sous l’effet d’un nouvel élan politique à Dakar. Le gouvernement sénégalais, récemment renouvelé, accorde une attention particulière à ses liens avec Nouakchott, un partenaire stratégique dans le domaine de l’énergie. La coopération autour de projets gaziers offshore, notamment dans le bassin de Grand Tortue Ahmeyim, a replacé les discussions bilatérales au cœur des priorités régionales. C’est dans ce contexte que des inquiétudes ont émergé concernant le statut des ressortissants mauritaniens vivant au Sénégal. Des rumeurs faisant état de mesures hostiles auraient circulé, semant la confusion. Mais qu’en est-il vraiment ?
Des obligations anciennes, pas de nouvelle directive
Contrairement aux spéculations relayées récemment dans certains médias et sur les réseaux sociaux, aucune décision inédite n’a été prise par les autorités sénégalaises visant spécifiquement les Mauritaniens résidant dans le pays. Le cœur du malentendu repose sur l’application d’une règle administrative bien établie : tout étranger souhaitant résider au Sénégal au-delà de trois mois doit être en possession d’une carte de séjour. Cette exigence, instaurée depuis 1971, concerne l’ensemble des ressortissants étrangers, sans distinction de nationalité.
Le rappel de cette mesure, par les services compétents, semble avoir été mal interprété dans un climat où la relation sénégalo-mauritanienne est devenue plus visible, notamment à travers la coopération énergétique. Cette confusion pourrait être comparée à celle qui naît lorsque des règles anciennes sont redécouvertes sous une nouvelle lumière politique, comme une vieille loi qu’on ressort lors d’un moment de tension, même si elle n’a jamais cessé d’exister.
Des liens bilatéraux toujours actifs
Au lieu de tensions, Dakar et Nouakchott continuent de miser sur le dialogue. Plusieurs accords bilatéraux encadrent la circulation et le séjour des citoyens des deux pays. Ces arrangements ont justement pour objectif de faciliter la vie des ressortissants sénégalais en Mauritanie et vice versa. Dans les faits, ils permettent souvent des procédures plus souples, bien que cela n’élimine pas les obligations légales communes, comme l’obtention d’un titre de séjour après trois mois de présence sur le sol sénégalais.
Ce double cadre – entre règles nationales et ententes bilatérales – rappelle la cohabitation entre la charpente d’un immeuble et les aménagements qu’on y installe : les murs porteurs restent les mêmes, même si les arrangements peuvent varier d’un étage à l’autre. C’est cette logique que semble vouloir clarifier l’État sénégalais, confronté à des lectures erronées de ses décisions récentes.
Une vigilance nouvelle, un climat à préserver
L’intérêt croissant pour la coopération énergétique n’a pas seulement des retombées économiques : il agit aussi comme un miroir grossissant sur les rapports humains et administratifs entre les deux pays. Chaque décision, chaque déclaration, est aujourd’hui scrutée à travers le prisme de la diplomatie du gaz, ce qui accentue les réactions. Dans ce contexte, les autorités sénégalaises ont tenu à faire preuve de pédagogie, tout en rappelant leur attachement à la transparence. « L’État du Sénégal n’a pris aucune mesure à l’encontre des citoyens mauritaniens résidant sur son territoire », précisent-elles pour dissiper tout malentendu.
Il est donc essentiel, à l’heure où les deux voisins intensifient leur partenariat, de ne pas confondre cadre légal et volonté politique. Ce qui est en jeu dépasse la simple question administrative : il s’agit de préserver un climat de confiance, à la mesure des ambitions communes. Comme dans toute relation en construction, la clarté dans les règles et la constance dans les engagements seront les fondations sur lesquelles bâtir les prochaines étapes.



