À Tabangin, localité située entre le Sénégal et la Gambie, des bruits d’explosion et la chute d’objets métalliques étranges ont déclenché l’effroi parmi les habitants. Plusieurs témoins affirment avoir entendu des détonations avant de découvrir des fragments brûlants éparpillés au sol. Certains villageois, tentant de manipuler les débris, ont souffert de démangeaisons, alimentant les spéculations les plus audacieuses sur l’origine de ces objets tombés du ciel. Le chef du village a confirmé l’arrivée rapide de l’armée, avec deux hauts gradés qui auraient procédé à la récupération d’un objet encore intact.
Ces événements, dignes d’un film de science-fiction, ont aussitôt trouvé un large écho sur les réseaux sociaux. Sur Tiktok, des internautes ont relayé des vidéos, des témoignages et même des photos des débris, provoquant un emballement où se mêlent inquiétude et fascination. Des rumeurs d’objets extraterrestres ont circulé avec insistance, dopées par l’intervention des militaires, perçue par certains comme une tentative de dissimulation.
Une analyse scientifique qui refroidit les fantasmes
Face à la multiplication des spéculations, l’internaute Mandiaye (@xoromprod2 sur X) a sollicité des experts en aéronautique pour apporter un éclairage rationnel. Un scientifique affilié au GEPAN (organisme français chargé d’étudier les phénomènes aérospatiaux non identifiés), a avancé une hypothèse technique : les objets seraient des réservoirs pressurisés composites (COPV) utilisés dans les lanceurs spatiaux tels que ceux de SpaceX, Ariane ou Delta V. Résistants à des pressions extrêmes et conçus pour survivre à la rentrée atmosphérique, ces sphères métalliques peuvent retomber sur Terre lorsque les étages de fusées se désintègrent.
L’analyse précise que ces COPV, généralement faits d’aluminium ou de titane enrobés de fibres composites, mesurent entre 50 et 75 cm de diamètre et pèsent plusieurs kilos. Leur forme sphérique et les résidus métalliques retrouvés à Tabangin correspondent aux caractéristiques connues de ces composants. Quant aux effets ressentis par les personnes ayant touché les objets, deux explications sont avancées : soit une irritation provoquée par des résidus chimiques comme l’hydrazine ou des oxydants, soit une réaction psychosomatique due au stress intense généré par la situation.
Le ciel au-dessus de Tambacounda, entre peur et fascination
Dans un pays déjà habitué à voir son espace aérien traversé par des satellites et avions militaires, cette chute inattendue soulève des questions sur la sécurité et la surveillance des débris spatiaux. L’intervention de l’armée, bien qu’explicable par la nécessité de sécuriser un objet potentiellement dangereux, a été perçue par beaucoup comme un signe d’opacité.
Cette affaire remet en lumière la porosité entre science et imaginaire collectif. Dans un contexte où les théories de type UAP (phénomènes aériens non identifiés) gagnent en visibilité à travers le monde, la moindre anomalie atmosphérique peut déclencher des vagues de désinformation ou d’interprétations fantaisistes. Ce que l’on prenait pour une manifestation extraterrestre semble être, à la lumière des premières analyses, un banal retour de débris spatiaux. Mais dans les esprits, la scène de Tabangin continuera d’alimenter les discussions, entre mystère non résolu et leçon de science populaire.



