Ce Vendredi 25 juillet, le Sénégal accueille un trésor singulier venu d’Égypte : une reproduction fidèle du sarcophage de Toutânkhamon, accompagnée de celle de sa momie. Ce don marque les 65 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. La remise officielle se tiendra à Dakar, en présence du ministre égyptien des Affaires étrangères, accompagné de son homologue sénégalais, d’universitaires et de représentants du monde de la culture. Bien plus qu’un symbole protocolaire, l’arrivée de cette pièce s’ajoute à une collection pharaonique déjà remarquablement constituée au Sénégal.
Le Musée des Civilisations Noires (MCN), qui abritera l’œuvre, est devenu au fil des ans un acteur central de la diffusion de l’héritage égyptien sur le continent. Avec le sarcophage de Toutânkhamon en vitrine, le pavillon dédié à l’Égypte ancienne renforce sa cohérence muséographique. À travers ce partenariat renouvelé avec Le Caire, le Sénégal positionne son musée comme un pont entre les civilisations africaines du Nil et les héritiers culturels de l’Afrique de l’Ouest.
Le MCN, une vitrine pharaonique unique en Afrique
À quelques mètres des salles consacrées à l’Afrique précoloniale, les visiteurs du MCN peuvent déjà contempler le buste de Néfertiti, une statue du roi Akhenaton, les représentations du pharaon Touthmosis III, ainsi que la statue du scribe, dont le regard figé dans la pierre évoque la permanence du savoir. Ces pièces, intégrées depuis plusieurs années à la collection permanente, offrent une immersion rare dans l’univers de l’Égypte antique sans quitter Dakar.
Avec l’ajout du sarcophage de Toutânkhamon, figure énigmatique de la XVIIIe dynastie, le musée franchit une nouvelle étape dans la qualité et la diversité de son exposition égyptologique. Les spécialistes notent que très peu de musées africains disposent d’une telle densité d’objets liés à la civilisation pharaonique, souvent concentrés dans les collections européennes ou nord-américaines. Cette singularité du MCN ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie délibérée de mise en valeur de l’héritage africain global, dans toute sa profondeur historique et géographique.
Une pièce au carrefour de la mémoire et de la diplomatie
Toutânkhamon, roi adolescent mort à dix-neuf ans, continue de fasciner historiens et amateurs d’art. Son tombeau, découvert intact en 1922 par Howard Carter, est devenu l’un des symboles les plus puissants de l’archéologie moderne. En offrant une réplique de ce sarcophage, l’Égypte choisit de placer le Sénégal au rang de ses partenaires culturels privilégiés, et reconnaît le rôle du pays dans la valorisation des grandes civilisations du continent.
Khaled Aref, ambassadeur égyptien à Dakar, a salué la portée de ce geste, rappelant l’amitié ancienne entre les deux peuples et leur attachement commun à la préservation du patrimoine. Si cette donation vient célébrer une relation bilatérale, elle s’inscrit aussi dans une logique de coopération intellectuelle plus vaste, au bénéfice des chercheurs, des étudiants, et du grand public sénégalais.
À une époque où les musées se réinventent comme lieux de dialogue et de mémoire, l’accueil de la réplique de Toutânkhamon à Dakar offre un éclairage nouveau sur le rôle des institutions africaines dans la construction d’un récit culturel affirmatif. Au MCN, le passé pharaonique n’est plus une affaire lointaine : il devient un objet vivant de transmission et de fierté continentale.



