Prévu ce mardi 15 juillet à midi, un déjeuner de presse autour de l’Agenda national de transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (ANTESRI) 2050 a été annoncé par le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation . Organisé dans un hôtel de standing de la capitale, l’événement se veut un point d’étape avant le lancement de concertations nationales. Mais c’est moins le contenu annoncé que le cadre choisi qui a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux.
La sélection du Terrou-Bi comme lieu de rencontre n’a pas tardé à provoquer une vague de critiques. Le choix d’un hôtel haut de gamme, alors même que les difficultés budgétaires du secteur éducatif sont au cœur des préoccupations, a été largement dénoncé. Plusieurs internautes et observateurs ont exprimé leur incompréhension face à cette décision qu’ils jugent déconnectée du message d’austérité porté par les autorités. Pour eux, il aurait été plus judicieux — et plus cohérent — d’organiser cette rencontre dans l’un des nombreux espaces publics disponibles, comme la Sphère ministérielle Habib Thiam, qui offre déjà salles, restaurants et bureaux fonctionnels.
Un malaise alimenté par des signaux contradictoires
Dans un contexte où le gouvernement appelle les citoyens à des efforts d’ajustement et à une gestion rigoureuse des ressources, l’annonce de ce déjeuner cristallise un sentiment de frustration. Le caractère officiel de l’événement, soutenu par une communication ministérielle où figure le portrait du ministre en pleine affiche, n’a fait qu’amplifier les critiques. Certains y voient une forme d’autopromotion inopportune, dans un secteur qui continue de souffrir d’infrastructures vétustes, de grèves à répétition et de retards dans le paiement des bourses étudiantes.
Ce contraste entre discours institutionnel et pratiques visibles interroge la manière dont les responsables publics incarnent l’exigence de sobriété. Les appels à la rigueur, souvent répétés dans les discours officiels, peinent à convaincre lorsque certaines décisions renvoient une image d’exclusion et de privilèges. Le symbole de ce déjeuner de presse, dans un hôtel aux prix élevés, a donc résonné comme un faux pas politique plus que comme un moment de dialogue.
L’éducation mérite mieux qu’un décor
Au-delà de la polémique, cette séquence rappelle à quel point la communication gouvernementale doit être alignée avec les réalités vécues par les populations. Si le débat sur l’ANTESRI 2050 est crucial pour penser l’avenir de l’enseignement supérieur, il ne saurait être porté par des choix qui fragilisent sa légitimité dès le départ. Le fond du projet mérite un cadre cohérent avec ses ambitions : plus d’inclusion, plus d’efficacité, plus de responsabilité.
En définitive, l’indignation suscitée par ce déjeuner de presse ne se résume pas à un désaccord sur un lieu. Elle traduit une attente forte d’exemplarité de la part des dirigeants, surtout dans les secteurs sensibles. L’éducation, pierre angulaire du développement, mérite des décisions à la hauteur de ses enjeux — dans les actes autant que dans les symboles.



