Bénin : à l’IAJP, Arifari Bako parle sans langue de bois de la souveraineté en Afrique

L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP/Co) a ouvert, ce jeudi soir, son cycle de réflexions du troisième trimestre par une conférence de haut niveau, animée par le professeur Nassirou Bako-Arifari. Thème au programme : « Souveraineté du pouvoir politique en Afrique : entre unité africaine et impuissance des dirigeants ».

Dans une salle de conférence pleine, l’ancien ministre béninois des Affaires étrangères a livré une analyse percutante et nuancée des réalités géopolitiques africaines, entre aspirations panafricaines et impasses diplomatiques. Dès les premiers instants, l’orateur a assumé une liberté de ton : « L’IAJP m’a proposé un thème que j’ai réorienté à ma manière, sans en trahir l’esprit », a-t-il déclaré.

Le cas libyen : démonstration d’une impuissance africaine

Pour illustrer ses propos, Bako-Arifari a convoqué ses souvenirs de ministre, notamment en 2011 lors de la crise libyenne. Il revient sur un épisode marquant : l’impossibilité pour une délégation de chefs d’État africains d’accéder à Tripoli, leur avion ayant été interdit de survol par les puissances de l’OTAN. « C’est une résolution votée par trois pays africains membres du Conseil de sécurité – Afrique du Sud, Gabon et Nigeria – qui a permis cette intervention. L’Afrique a elle-même signé son impuissance », a-t-il martelé. À ses yeux, ce renoncement illustre le décalage entre les principes de souveraineté énoncés dans les textes fondateurs de l’Union africaine et la réalité d’une diplomatie continentale soumise à des influences extérieures.

Une unité africaine fragmentée et théorique

Le député béninois a poursuivi son diagnostic en dénonçant une unité africaine plus proclamée que pratiquée. Il évoque le cas malien, où l’intervention étrangère a été sollicitée par les États eux-mêmes, faute de réponse opérationnelle rapide des instances africaines. « La souveraineté africaine reste une affirmation normative, rarement traduite dans les faits », a-t-il analysé. Selon lui, l’unité africaine actuelle est un projet inachevé, gangrené par la somme des fragilités étatiques. « Nous avons transféré nos fragilités nationales dans nos institutions régionales, produisant une fragilité continentale en grandeur nature », a-t-il déploré, pointant l’incohérence structurelle de l’Union africaine.

Entre utopie panafricaine et héritage colonial

Dans un retour aux sources historiques, Bako-Arifari a rappelé que l’Afrique n’a jamais été unifiée par le passé. « L’unité africaine telle qu’on la conçoit aujourd’hui est un détournement du projet colonial, né de la volonté de réappropriation des anciens espaces coloniaux », a-t-il soutenu. À travers cette lecture critique, il remet en perspective la genèse de l’Union africaine comme tentative de reconfiguration politique à partir d’entités historiquement disjointes. Le conférencier n’a pas manqué de souligner la part de responsabilité des élites africaines dans ce qu’il qualifie « d’auto-incapacitation ». Il évoque une abdication volontaire d’attributs de souveraineté face à la complexité des enjeux ou aux pressions extérieures. « Peut-être que l’impuissance des dirigeants n’est pas qu’une contrainte, mais parfois une posture assumée », a-t-il lancé.

Le Père Arnaud Éric Aguénounon, directeur de l’IAJP, a salué la qualité du débat : « Il est essentiel d’écouter des voix diverses, issues de parcours et de sensibilités différentes. C’est à ce prix que nous pourrons enrichir notre réflexion et repartir avec de nouveaux ingrédients, porteurs d’espérance ». 🔥 « Restez branché à l’actu béninoise sur notre chaîne WhatsApp officielle ! » en cliquant sur ce lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x

2 réflexions au sujet de “Bénin : à l’IAJP, Arifari Bako parle sans langue de bois de la souveraineté en Afrique”

  1. Des phraséologies..des idées lancées..des postures de grands intellectuels..mais des gens foncièrement ing rats…profito situationnistes notoires…
    On s en fou.de ce qu il va dire

    Répondre

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