Les chercheurs du Novo Nordisk Foundation Center for Basic Metabolic Research de Copenhague ont publié fin août 2025 une étude dans Cell Metabolism qui attire l’attention sur les effets des aliments ultra-transformés sur la santé reproductive des hommes. L’essai, mené sur 43 participants âgés de 20 à 35 ans, montre qu’une alimentation composée de produits industriels modifie la composition corporelle et perturbe des hormones clés de la fertilité. La question centrale n’est pas la quantité de calories, mais la qualité des aliments ingérés. Les résultats suggèrent un risque pour la santé reproductive même sans excès énergétique.
Des perturbations hormonales observées chez de jeunes hommes
Le protocole de l’étude reposait sur un essai croisé contrôlé. Chaque volontaire a suivi pendant trois semaines un régime ultra-transformé, puis un régime constitué d’aliments peu transformés, séparés par une période d’arrêt de trois mois. Les deux régimes apportaient les mêmes calories et macronutriments, ce qui permet d’isoler l’effet de la transformation industrielle des produits. Les chercheurs ont constaté que les participants prenaient environ un kilogramme de masse grasse supplémentaire lors de la phase ultra-transformée, comparé à la période de référence.
Au-delà de cette prise de poids, l’étude met en avant une modification du profil hormonal. Des concentrations plus faibles de testostérone et d’hormone folliculo-stimulante (FSH) ont été mesurées. Ces deux hormones jouent un rôle essentiel dans la production de spermatozoïdes et la régulation de la fertilité masculine. Parallèlement, la présence accrue d’un phtalate, identifié comme cxMINP, a été détectée. Cette substance, couramment issue de plastiques et connue pour ses effets perturbateurs endocriniens, est associée à une exposition plus importante via les aliments industriels emballés.
Les auteurs soulignent que la qualité des aliments consommés doit être intégrée aux recommandations de santé publique. Un premier emplacement pourrait ici accueillir un lien vers un organisme de recherche spécialisé afin de contextualiser ces travaux.
Un rappel sur les autres risques liés aux produits transformés
La question des aliments ultra-transformés dépasse le seul cadre de la fertilité. Depuis plus d’une décennie, plusieurs études ont mis en évidence un lien entre leur consommation régulière et l’augmentation de maladies chroniques comme l’obésité, le diabète de type 2 ou les pathologies cardiovasculaires. Ces produits se caractérisent souvent par des additifs, un taux élevé de sucres ajoutés, de graisses de faible qualité ou encore par la présence de composés chimiques issus des procédés de fabrication. Des recherches antérieures, notamment dans le cadre des grandes cohortes nutritionnelles en Europe, ont montré que les consommateurs fréquents d’aliments très transformés présentaient un risque accru de mortalité prématurée.
Sur le plan réglementaire, la classification NOVA, développée par des chercheurs brésiliens et adoptée par l’Organisation mondiale de la santé, distingue quatre catégories d’aliments selon leur degré de transformation. Cette grille de lecture sert désormais de référence à plusieurs agences nationales pour orienter leurs recommandations nutritionnelles. Toutefois, la réglementation européenne sur l’étiquetage n’impose pas encore d’indiquer le niveau de transformation, ce qui limite la transparence pour les consommateurs. Cette situation alimente les débats publics sur la nécessité d’un étiquetage plus clair. Un second emplacement pourrait servir à diriger vers une analyse de ces débats réglementaires.
Dans le cas précis de la fertilité, l’étude de Cell Metabolism apporte une dimension nouvelle : elle suggère que des altérations métaboliques et hormonales peuvent se produire indépendamment de l’excès calorique. Ce constat remet en cause l’idée selon laquelle « toutes les calories se valent », et ouvre la voie à des recommandations davantage centrées sur la qualité intrinsèque des aliments.
Par ailleurs, les implications économiques sont significatives. Les aliments ultra-transformés représentent une part importante de l’offre dans les grandes surfaces, en raison de leur coût réduit et de leur conservation prolongée. Or, une remise en cause de leur innocuité pourrait influencer les stratégies de l’industrie agroalimentaire et les politiques de santé. Cette tension entre intérêts industriels et impératifs de santé publique est observée depuis plusieurs années, notamment lors des discussions sur la taxe sur les boissons sucrées ou l’interdiction de certains additifs. Un troisième emplacement de lien pourrait être pertinent ici pour documenter ces enjeux économiques.
L’étude menée au Danemark s’inscrit dans un ensemble plus large de recherches internationales. Elle complète des travaux observationnels antérieurs montrant que les régimes riches en aliments peu transformés, tels que le régime méditerranéen, étaient associés à une meilleure qualité spermatique. Les chercheurs appellent à la poursuite des investigations, en particulier sur des cohortes plus larges et diversifiées, pour confirmer ces résultats et comprendre les mécanismes sous-jacents.
Les conclusions de cette recherche posent ainsi un jalon supplémentaire dans le débat scientifique et sanitaire sur l’alimentation moderne, en établissant un lien expérimental entre consommation de produits ultra-transformés, modification des hormones sexuelles et altération possible de la fertilité masculine.


