Les relations africaines du Maroc et de l’Algérie connaissent des évolutions notables. Entre stratégies économiques, alliances politiques et enjeux sécuritaires, les deux pays ajustent leur présence sur le continent, avec des résultats contrastés selon les régions.
Influence contrastée et zones d’ancrage
Le Maroc déploie une diplomatie axée sur les partenariats économiques et la coopération religieuse. Ses banques, compagnies d’assurances et entreprises de construction se sont imposées dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. Les tournées royales, accompagnées de la signature d’accords bilatéraux, renforcent cette présence. La formation d’imams étrangers dans le royaume illustre également un usage du soft power pour consolider les liens culturels et religieux. Depuis son retour à l’Union africaine en 2017, Rabat s’efforce aussi d’influer sur les décisions en lien avec le Sahara occidental.
L’Algérie, de son côté, s’appuie sur une diplomatie sécuritaire et politique héritée de son rôle dans le mouvement des non-alignés. Elle conserve des alliances solides avec l’Afrique du Sud, la Namibie ou encore certains États du Sahel. Son implication dans la médiation des crises, notamment au Mali, et son rôle dans la lutte antiterroriste constituent ses principaux leviers d’influence. Toutefois, sa présence économique reste plus limitée, concentrée sur les exportations d’hydrocarbures et quelques projets d’interconnexion énergétique.
Recul au Sahel et opportunités concurrentes
L’émergence de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, a modifié l’équilibre régional. Historiquement proche de Bamako, Alger a vu son rôle réduit après les changements politiques dans ces pays. La suspension de sa médiation au Mali et le rejet de son initiative diplomatique par Niamey témoignent de cette mise à l’écart. Les nouvelles autorités privilégient désormais la coopération entre elles et avec d’autres partenaires, comme la Russie.
Profitant de ce contexte, le Maroc a intensifié ses démarches auprès de l’AES, misant sur la coopération religieuse, les bourses universitaires et des projets logistiques. Sans être un acteur direct de la sécurité dans la région, Rabat cherche à renforcer sa présence par des accords économiques et culturels. Cette approche plus flexible lui permet d’élargir progressivement son réseau, tout en évitant les tensions diplomatiques ouvertes.
La recomposition des alliances africaines entre le Maroc et l’Algérie reflète un jeu d’influence où économie, politique et sécurité s’entremêlent, avec des succès variables selon les régions et les partenaires.



