Maroc - Algérie : deux trajectoires opposées au Sahel selon un rapport

Un rapport du Middle East Institute for Policy and Economy met en lumière la réorientation des alliances sahéliennes. Alors que l’Algérie mise sur le dialogue politique, le Maroc avance ses cartes économiques et maritimes. Le différend autour des gazoducs montre cette rivalité aux conséquences régionales.

Une rupture diplomatique profonde avec l’Algérie

Le rapport souligne que la démarche sécuritaire de l’Algérie est en décalage avec la nouvelle orientation militaire des pays du Sahel. Le Mali s’est retiré du Comité d’état-major opérationnel conjoint, dirigé par Alger, et en septembre 2024, a dénoncé « un soutien au terrorisme » de la part de son voisin devant l’ONU.

Les tensions se sont multipliées : fermeture de l’espace aérien malien et nigérien aux appareils algériens, destruction par l’armée algérienne d’un drone malien en avril 2024, puis rappel des ambassadeurs par le Niger, le Mali et le Burkina Faso. L’Alliance des États du Sahel a condamné ce geste en le jugeant « agressif ». Ces épisodes traduisent un isolement croissant pour Alger, qui peine à conserver son rôle traditionnel de médiateur.

L’offensive économique et énergétique du Maroc

De son côté, le Maroc a choisi une stratégie d’intégration économique. En décembre 2023, il a présenté l’« Initiative atlantique », destinée à offrir aux pays enclavés du Sahel – Niger, Mali, Burkina Faso et Tchad – un accès à l’océan Atlantique par ses infrastructures portuaires. La Mauritanie a déjà rallié ce dispositif, présenté comme un levier de coopération régionale.

Cette dynamique s’est traduite par un basculement énergétique majeur. Le Niger a renoncé au projet de gazoduc transsaharien, qui devait relier le Nigéria à l’Europe en passant par l’Algérie. Ce retrait a fragilisé une infrastructure annoncée depuis des décennies et encore inachevée. En parallèle, Niamey s’est rapproché du projet concurrent, le gazoduc Nigéria–Maroc, qui prévoit un tracé le long des côtes ouest-africaines jusqu’au Maroc, avant de rejoindre l’Europe.

Sahara occidental : un obstacle aux alliances sahéliennes

Les tensions autour du Sahara occidental cristallisent la compétition entre les deux pays. Le Maroc revendique la souveraineté sur le territoire et renforce ses alliances régionales, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario et maintient une posture diplomatique critique. Cette rivalité influence directement les relations et les projets économiques, y compris les infrastructures énergétiques et logistiques au Sahel.

Le rapport du Middle East Institute for Policy and Economy estime que le Maroc gagne du terrain au Sahel grâce à la combinaison de l’Initiative atlantique et de son projet gazier, tandis que l’Algérie s’enferme dans une diplomatie en retrait.

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