Pétrole russe : pourquoi l’Inde ignore les pressions américaines

Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, le commerce énergétique entre la Russie et plusieurs puissances asiatiques, dont l’Inde, s’est renforcé. Alors que les pays occidentaux ont réduit leurs importations de brut russe, New Delhi a, au contraire, saisi l’opportunité d’un approvisionnement à prix réduit. Cette stratégie ne semble pas prête de changer, malgré les récentes déclarations du président Donald Trump, qui a évoqué des mesures punitives à l’encontre de ces échanges.

Les entreprises indiennes maintiennent leurs achats

D’après des sources proches du gouvernement indien citées par le New York Times, l’Inde n’a donné aucune directive à ses raffineries pour suspendre ou réduire leurs importations de pétrole en provenance de Russie. Le maintien de ces flux commerciaux repose sur des considérations strictement économiques, liées notamment aux coûts d’approvisionnement, à la stabilité des livraisons et à la stratégie de diversification énergétique du pays.

Interrogés sur les déclarations de Donald Trump, ces responsables ont souligné que les prises de position du président américain ne modifiaient en rien la politique d’approvisionnement de l’Inde. Pour rappel, Trump a récemment affirmé que New Delhi pourrait renoncer au brut russe pour obtenir un accord commercial préférentiel avec les États-Unis, tout en admettant ne pas disposer d’informations précises sur ce point.

Une relation énergétique stratégique

Depuis 2022, la Russie est devenue l’un des principaux fournisseurs de pétrole brut de l’Inde, supplantant historiquement des partenaires comme l’Arabie saoudite ou l’Irak. Cette évolution s’inscrit dans un contexte de réalignement géopolitique et de recherche d’autonomie énergétique pour New Delhi. Le brut russe est généralement revendu à prix compétitif, ce qui permet aux raffineries indiennes de maximiser leurs marges ou de renforcer leurs capacités d’exportation.

Cette politique s’inscrit également dans une dynamique régionale plus large, alors que plusieurs pays asiatiques, dont la Chine, ont intensifié leurs échanges énergétiques avec Moscou. L’Inde, tout en maintenant des relations solides avec les États-Unis, entend conserver sa liberté de manœuvre sur le plan économique, en particulier dans le secteur énergétique, où les équilibres géostratégiques influent directement sur la sécurité nationale et le développement industriel.

Des tensions économiques en arrière-plan

Les menaces de droits de douane ou de sanctions évoquées par l’administration Trump rappellent la pression exercée par Washington sur ses partenaires pour isoler Moscou économiquement. Toutefois, dans le cas de l’Inde, ces leviers semblent pour l’instant avoir peu d’effet concret. New Delhi mise sur un équilibre diplomatique entre ses alliances traditionnelles et ses intérêts nationaux, dans un environnement mondial marqué par la compétition entre grandes puissances.

Alors que les tensions commerciales s’invitent une nouvelle fois dans les relations américano-indiennes, l’approvisionnement énergétique reste un axe stratégique pour l’économie du pays, dont la demande en énergie ne cesse de croître. À court terme, aucune rupture n’est envisagée par les autorités indiennes concernant leurs échanges avec la Russie, illustrant une volonté affirmée de défendre une politique étrangère fondée sur le pragmatisme économique.

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