Sénégal : Attaque supposée de pèlerins de Touba au Mali, un journaliste convoqué

La zone frontalière entre le Sénégal et le Mali reste marquée par une forte tension sécuritaire. Le 1er juillet dernier, le poste-frontière de Diboli, situé à moins de deux kilomètres de Kidira, a été la cible d’une offensive meurtrière revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Cette attaque, l’une des plus importantes depuis des mois, a ravivé la peur des transporteurs sénégalais qui empruntent cet axe vital. Dans ce climat déjà instable, toute information relative à un incident sur la route attire une attention immédiate et suscite des réactions en chaîne.

Une alerte relayée puis scrutée de près

C’est dans ce contexte qu’un article publié par le site iGFM a rapporté le témoignage d’un interlocuteur affirmant qu’un bus transportant environ 70 Sénégalais, en provenance d’Abidjan et en route vers le Magal de Touba, aurait été attaqué près de Diéma, au Mali, non loin de la frontière sénégalaise. Selon ce témoignage, l’alerte serait venue du chauffeur d’un véhicule guide accompagnant le bus, signalant une agression armée. Informé, l’auteur du témoignage dit avoir contacté l’ambassadeur du Sénégal en Côte d’Ivoire, lequel aurait promis de se rapprocher de son homologue au Mali pour vérifier les faits. En attendant des confirmations officielles, l’appel à l’aide visait à obtenir des nouvelles des passagers.

La diffusion de cette information a rapidement conduit à la convocation de Harouna Fall, journaliste au sein de la rédaction d’iGFM, par la Division des Investigations Criminelles (DIC). D’après des confrères de Monsieur Fall sur les réseaux sociaux, cette audition est directement liée à la publication en ligne de l’article mentionnant l’attaque supposée. Cette démarche illustre la sensibilité extrême des autorités sénégalaises face aux rumeurs ou informations relatives à des actes terroristes dans cette zone frontalière, où les enjeux sécuritaires et diplomatiques se mêlent étroitement.

Entre précaution médiatique et droit d’informer

L’affaire soulève une question récurrente dans le traitement journalistique des sujets sécuritaires : comment informer rapidement sur des faits potentiellement graves, tout en évitant de diffuser des données non vérifiées ? Pour les professionnels de l’information, l’équilibre est délicat.

Trop de prudence peut retarder une alerte utile, tandis qu’une publication hâtive peut exposer à des sanctions ou amplifier une fausse nouvelle. À un peu moins de deux jours du Magal, événement rassemblant des millions de fidèles, la vigilance médiatique s’ajoute à la vigilance sécuritaire sur les routes menant vers Touba.

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