Sénégal : Éducation en milieu carcéral, un jeune détenu réussit au BFEM

La Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Saint-Louis, généralement associée aux privations de liberté, vient d’abriter une scène inattendue : la célébration de la réussite scolaire d’un adolescent en détention provisoire. Cet élève de troisième, âgé de moins de 18 ans, a décroché son Brevet de Fin d’Études Moyennes (BFEM) session 2025, au même titre que des milliers d’autres candidats à travers le pays. Mais sa victoire prend une dimension toute particulière dans un environnement souvent perçu comme hostile à la réinsertion.

Une mobilisation institutionnelle discrète mais décisive

Le parcours de ce jeune détenu n’aurait pu aboutir sans l’implication de plusieurs acteurs clés. L’administration pénitentiaire de Saint-Louis, bien qu’en marge du système éducatif classique, a aménagé les conditions nécessaires à la scolarité du garçon. Il a pu poursuivre son programme scolaire avec l’appui d’intervenants dédiés, malgré les contraintes du milieu carcéral. Pour lui permettre de composer les épreuves, une organisation spécifique a été mise en place, avec escorte et encadrement, dans le respect de sa dignité.

Le rôle du juge d’instruction Abdoulaye Gueye s’est également révélé central. Par ses autorisations et son implication personnelle, il a permis au candidat de passer les épreuves dans des conditions conformes aux exigences pédagogiques. L’Inspection de l’Éducation et de la Formation (IEF) de Saint-Louis, à travers Mme Ndeye Coura Diop, a quant à elle assuré la coordination éducative nécessaire à l’intégration du candidat dans le dispositif officiel du BFEM.

La réussite a été saluée lors d’une cérémonie organisée au sein même de la MAC, en présence du directeur de l’établissement, du directeur régional de l’administration pénitentiaire, du juge Gueye, d’un membre de la famille du jeune homme et des responsables de l’IEF. Un événement rare, porteur d’une symbolique forte pour les autres détenus, mais aussi pour les institutions engagées dans l’humanisation du système carcéral.

Un exemple à méditer pour une réforme durable

Ce succès n’est pas seulement celui d’un élève méritant, c’est aussi celui d’un système qui a accepté de sortir des cadres rigides. Il montre qu’avec de la volonté politique et une coordination efficace entre justice, éducation et administration pénitentiaire, l’école peut franchir les murs les plus hauts. Il rappelle également que l’éducation reste l’un des leviers les plus puissants de réinsertion, même lorsqu’elle intervient tardivement ou dans des conditions exceptionnelles.

Dans un pays où les débats sur la réforme du service public se multiplient, cette histoire interpelle. À l’heure où l’État ambitionne de moderniser ses institutions, l’exemple de ce jeune de Saint-Louis pourrait devenir une référence inspirante. Il illustre à sa manière l’idée qu’investir dans l’humain, même dans les contextes les plus contraints, produit toujours des résultats durables.

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