À travers tout le Sénégal, les besoins en santé maternelle et reproductive demeurent criants, en particulier dans les zones éloignées des grands centres urbains. D’après les données les plus récentes du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (MSAS), on ne compte qu’une seule sage-femme pour 1 197 femmes en âge de procréer. Ce déséquilibre, déjà alarmant, se traduit par des postes de santé qui fonctionnent sans personnel qualifié pour accompagner les accouchements ou assurer un suivi prénatal de qualité.
Dans certaines régions rurales, des patientes parcourent encore plusieurs dizaines de kilomètres pour espérer rencontrer une professionnelle formée. Ce manque structurel de ressources humaines met en péril les efforts de prévention des grossesses à risque et limite l’accès aux soins essentiels pour les adolescentes, les mères et les nouveau-nés. Face à ce constat, les autorités sanitaires ont décidé de passer à l’action.
Une initiative ciblée pour combler les écarts
Le MSAS a récemment lancé un appel à candidatures pour recruter 220 sages-femmes d’État, avec pour objectif de renforcer les équipes médicales dans les structures de santé les moins dotées. Ce recrutement s’inscrit dans un cadre opérationnel plus large, soutenu par le projet SWEDD+ (Projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique en Afrique de l’Ouest). Ce programme prévoit l’engagement de 500 sages-femmes à terme dans 11 régions stratégiques du pays, identifiées pour leur vulnérabilité.
L’idée n’est pas seulement de remplir les effectifs, mais aussi d’assurer une présence continue dans les zones les plus enclavées, souvent délaissées par les jeunes professionnelles en raison de l’isolement géographique ou du manque d’infrastructures. En dotant ces territoires de personnel qualifié, les autorités cherchent à enrayer les complications évitables à l’accouchement, à réduire la mortalité maternelle et à répondre aux besoins spécifiques des adolescentes en matière de santé reproductive.
Une étape vers un meilleur maillage sanitaire
L’accroissement du nombre de sages-femmes constitue un levier essentiel pour améliorer la couverture sanitaire nationale. Mais pour que cet effort produise des résultats durables, il devra s’accompagner de mesures d’incitation à la stabilisation du personnel en milieu rural, ainsi que d’un appui logistique suffisant. Sans logement, moyens de transport ou équipements de base, les nouvelles recrues risquent de quitter les postes les plus critiques dès les premières années.
En plaçant ces recrutements sous l’égide du projet SWEDD+, financé par des partenaires internationaux comme la Banque mondiale et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), le Sénégal affirme sa volonté de changer de cap.
Cette décision pourrait représenter un tournant si elle s’accompagne d’une politique de maintien et de valorisation des professionnels de santé dans les zones les plus en souffrance. Le chiffre de 220 nouvelles recrues ne suffira pas à combler l’ensemble des déficits, mais il amorce une dynamique concrète et attendue depuis longtemps.


