Face à une recrudescence de fraudes numériques sophistiquées, WhatsApp renforce son arsenal contre les comptes suspects. Entre janvier et juin 2025, 6,8 millions de profils frauduleux ont été détectés et supprimés, avant même qu’ils n’aient pu interagir avec d’autres utilisateurs. C’est ce qu’a déclaré Clair Deevy, une responsable de WhatsApp, lors d’un point de presse ce mardi, d’après Le Figaro. Il s’agit d’une stratégie défensive qui cible en priorité les opérations coordonnées depuis l’Asie du Sud-Est, où des organisations criminelles exploitent des travailleurs sous contrainte pour alimenter des campagnes d’escroquerie à grande échelle.
Des messages frauduleux générés par IA, puis relayés sur les messageries chiffrées
Le piège se met en place dès l’étape de contact : des criminels exploitent des générateurs de texte automatisés, capables de produire en quelques secondes des messages convaincants, déguisés en offres d’emploi ou en missions faciles et lucratives. Le lien contenu dans ces messages, souvent diffusés sur des canaux publics ou semi-privés, redirige les cibles vers une conversation WhatsApp. Une fois le dialogue amorcé, la victime est transférée sur Telegram, une plateforme réputée pour son chiffrement robuste, où elle reçoit des consignes précises : cliquer sur des vidéos, interagir avec du contenu, ou effectuer des micro-tâches prétendument rémunérées.
Ce mode opératoire, bien huilé, repose sur une illusion d’activité simple et légitime, mais il sert en réalité de porte d’entrée à des systèmes d’extorsion ou de détournement de données personnelles.
Une riposte précoce grâce à la coopération interplateformes
Selon Clair Deevy, les comptes récemment bloqués n’avaient pas encore été activement utilisés. L’équipe de modération a pu les identifier et les désactiver à temps, en grande partie grâce à une collaboration étroite avec d’autres entreprises numériques. Cette coordination permet une surveillance croisée et une identification plus rapide des schémas frauduleux.
Plutôt que de répondre une fois l’arnaque lancée, WhatsApp opte pour une approche proactive : détecter les menaces dès leur création, avant qu’elles ne nuisent à la communauté.
Des mesures de protection en développement pour renforcer la sécurité
Dans un billet technique, la plateforme américaine annonce également l’ajout de nouvelles fonctionnalités de sécurité. Celles-ci visent à améliorer la détection automatisée des comportements anormaux, tout en fournissant aux utilisateurs des outils pour signaler plus facilement les tentatives d’arnaque. L’entreprise insiste sur la nécessité d’une vigilance accrue de la part du public, particulièrement face aux messages non sollicités promettant de l’argent rapide.
Alors que les groupes cybercriminels adaptent continuellement leurs méthodes grâce à la technologie, les géants du numérique comme WhatsApp se voient contraints de renforcer sans cesse leur architecture de défense. La lutte contre la fraude en ligne devient ainsi un effort collectif mêlant technologie, prévention et coopération internationale.



