Ciment en Afrique : la Chine réalise une grosse opération

L’industrie du ciment en Afrique vient de franchir une nouvelle étape avec l’arrivée en force d’un acteur asiatique qui bouscule l’équilibre établi depuis plusieurs années. Le groupe chinois Huaxin Cement a pris une position stratégique en rachetant plusieurs cimenteries au Nigeria, un pays considéré comme le cœur du marché africain.

Huaxin bouscule la hiérarchie au Nigeria

Lundi, la société chinoise a déboursé un milliard de dollars pour reprendre les parts détenues par Holcim, géant suisse du ciment, dans une filiale nigériane. Cette transaction lui ouvre l’accès à quatre usines supplémentaires, capables de fournir près de dix millions de tonnes de ciment chaque année. Avec ce coup stratégique, Huaxin s’installe directement à la troisième place du marché nigérian, derrière deux magnats de l’industrie, Aliko Dangote et Abdul Samad Rabiu.

Sur l’ensemble du continent, le géant asiatique atteint désormais 30 millions de tonnes de production annuelle, réparties dans une dizaine de pays. L’écart reste marqué avec le leader, Dangote Cement, qui en affiche plus de 50 millions, mais la progression du cimentier chinois montre une volonté claire de se rapprocher du sommet.

Une implantation chinoise déjà bien rodée

Cette percée dans le ciment s’ajoute à une présence chinoise largement établie en Afrique. Pékin a depuis longtemps orienté ses entreprises vers des secteurs stratégiques comme les routes, les barrages, les mines ou encore les réseaux de télécommunication. Dans cette stratégie, le ciment est une pièce maîtresse : sans lui, pas de villes modernes, pas de grands chantiers, pas de nouvelles zones industrielles. Pour Huaxin, prendre pied dans ce domaine au Nigeria revient à placer une pierre angulaire supplémentaire dans un édifice déjà imposant.

Le Nigeria, première économie du continent, est un terrain décisif pour l’avenir du ciment en Afrique. L’arrivée d’un concurrent asiatique de cette envergure promet d’intensifier la rivalité entre capitaux locaux et étrangers. Pour les populations, cela pourrait signifier plus d’offre et potentiellement des prix plus compétitifs. Mais pour les acteurs en place, c’est un signal : le monopole régional se fragilise et le jeu devient mondial.

Alors que l’Afrique poursuit sa croissance démographique et urbaine, le ciment s’affirme comme un or gris que se disputent désormais autant les entrepreneurs africains que les groupes venus d’Asie.

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