Deux immenses projets redessinent la carte énergétique du Maghreb. Le premier, le gazoduc transsaharien, est pensé comme une voie terrestre reliant le Nigeria à l’Algérie par le Niger, afin de connecter les gisements nigérians aux marchés européens via le réseau algérien. Le second, le gazoduc Nigeria–Maroc, suivrait quant à lui le littoral atlantique en traversant une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest pour déboucher au Maroc, avant de se prolonger vers l’Europe. Chacun de ces tracés, par son ampleur et ses défis, montre deux visions concurrentes pour l’avenir énergétique de la région. C’est ainsi qu’Afreximbank se propose d’apporter son poids financier au gazoduc transsaharien.
Afreximbank entre en scène
À Alger le 11 septembre, le patron d’Afreximbank, Benedict Oramah, a rencontré le ministre de l’Énergie Mohamed Arkab. L’entretien a permis de réaffirmer l’intérêt de la banque pour l’accompagnement de grands projets énergétiques, avec une mention particulière pour le gazoduc transsaharien. L’établissement africain se présente comme un partenaire capable de mobiliser des ressources financières afin de concrétiser des chantiers dont la taille dépasse les moyens des budgets nationaux.
Lors de cette même réunion avec Afreximbank, des responsables du secteur ont également exploré d’autres pistes de collaboration, notamment autour du commerce intra-africain et de la valorisation des ressources locales comme les carburants, les engrais et les phosphates : financement du commerce entre pays africains, mise en valeur des ressources locales comme les engrais, les carburants ou encore les phosphates. En d’autres termes, il s’agit d’utiliser les infrastructures énergétiques comme moteur pour stimuler des pans entiers de l’économie africaine.
Une stratégie tournée vers l’intégration régionale
Pour Afreximbank, un gazoduc ne se résume pas à un simple tuyau transportant du gaz. C’est une infrastructure qui peut rapprocher les économies, sécuriser l’approvisionnement énergétique et créer des débouchés pour les industries locales. L’engagement de la banque est donc perçu comme une tentative de transformer le potentiel énergétique africain en projets tangibles capables de générer des retombées durables.
Si la réalisation de tels ouvrages reste complexe — coût faramineux, stabilité politique fragile, coordination entre États — l’appui financier affiché par l’institution est un signe encourageant. Au-delà de l’alimentation du marché européen, l’ambition est aussi de renforcer l’autonomie énergétique des pays africains et de bâtir un socle pour un développement régional plus solide.



