L’or reste au cœur des débats économiques au Mali. Depuis plusieurs années, la compagnie canadienne Barrick Gold et les autorités de Bamako s’opposent sur la gestion et le partage des revenus du complexe de Loulo-Gounkoto, l’un des gisements aurifères les plus importants du pays. Le gouvernement malien a régulièrement affirmé vouloir revoir certains termes liés à la fiscalité et au contrôle des ressources, ce qui a conduit à des discussions prolongées avec l’entreprise. Ces divergences ont mis en évidence la volonté des dirigeants maliens de renforcer leur marge de manœuvre face aux grands acteurs internationaux du secteur minier.
Un conseiller issu du monde de l’or
La nomination de Hilaire Diarra comme conseiller spécial auprès du président de la transition, Assimi Goita, illustre clairement cette orientation. Ingénieur et dirigeant reconnu dans le secteur aurifère, Diarra a longtemps occupé des postes stratégiques, notamment à la tête de la mine de Tongon en Côte d’Ivoire pour Barrick. Le fait qu’un ancien cadre de la multinationale rejoigne directement l’appareil étatique malien est interprété par de nombreux observateurs comme un signal fort adressé au secteur minier. En intégrant une figure familière des négociations et du terrain, Bamako choisit un profil capable de parler le langage des compagnies tout en défendant les priorités nationales.
Une étape dans la gestion des ressources
Au-delà du parcours individuel, cette décision marque une étape importante dans la gestion des ressources stratégiques du pays. L’or représente une part considérable des recettes d’exportation et conditionne une grande partie des équilibres budgétaires. En s’entourant d’un conseiller qui connaît de l’intérieur les pratiques des grands groupes, le pouvoir malien se dote d’un atout pour mieux orienter les discussions futures. Cette nomination peut être comparée à l’entrée d’un arbitre expérimenté dans une partie complexe : sa présence ne change pas les règles, mais elle influence la manière dont elles seront appliquées et négociées.
L’arrivée de Hilaire Diarra auprès du président Goita ne met pas un terme aux débats autour de l’or, mais elle ouvre une nouvelle phase. Entre l’expérience acquise au service d’une multinationale et les attentes d’un État désireux de mieux maîtriser ses richesses, cette passerelle pourrait peser sur les équilibres à venir.



