Maroc-Algérie : l’éternel bras de fer rejoué à l'ONU

La querelle autour du Sahara occidental reste l’un des points de fracture les plus tenaces au Maghreb. D’un côté, le Maroc considère ce territoire comme partie intégrante de son intégrité nationale, de l’autre, l’Algérie soutient le principe d’autodétermination défendu par le Front Polisario. Ces visions irréconciliables alimentent régulièrement des tensions entre les deux pays voisins, pourtant centraux dans les équilibres régionaux. C’est dans ce climat que la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies a offert un nouvel épisode de confrontation oratoire.

Les arguments croisés de Rabat et d’Alger

À la tribune onusienne, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a ravivé le débat en soulignant que la question du Sahara fait l’objet d’un suivi par les Nations unies depuis plus de soixante ans. Une remarque que Rabat n’a pas laissée sans réponse. L’ambassadeur marocain, Omar Hilale, a insisté sur un point souvent occulté : c’est le Maroc lui-même qui avait soumis cette question à l’ONU. En rappelant ce détail, il entendait réfuter l’idée que Rabat chercherait à se soustraire à un processus international initié par d’autres.

Au-delà des rappels historiques, l’émissaire marocain a tenu à recentrer le débat. Selon lui, le Conseil de sécurité ne traite pas le Sahara comme un simple dossier de décolonisation, mais comme une problématique de paix et de sécurité. Cette distinction, qui peut sembler technique, illustre une divergence majeure entre les lectures marocaine et algérienne. Tandis qu’Alger parle de territoire à libérer, Rabat insiste sur la stabilité régionale et la recherche d’un compromis politique.

Une main tendue réaffirmée

Plutôt que de se limiter aux échanges de reproches, Omar Hilale a évoqué un autre aspect : l’appel au rapprochement lancé par Mohammed VI lors de la fête du Trône, le 29 juillet dernier. Le souverain marocain y invitait l’Algérie à s’engager sur la voie d’une solution concertée, sans vainqueur ni vaincu, dans un esprit de respect mutuel. En reprenant cette idée, l’ambassadeur a cherché à projeter une image d’ouverture, soulignant que le Maroc ne ferme pas la porte au dialogue malgré la dureté des échanges diplomatiques.

Cette offre, qui se veut conciliatrice, peut être perçue comme une tentative d’alléger la pression sur la scène internationale. Dans un monde où les équilibres se redessinent, montrer de la souplesse est aussi un moyen de séduire les partenaires et de renforcer sa position auprès des alliés. Toutefois, l’absence de réaction officielle d’Alger laisse planer un doute sur la possibilité d’un dégel rapide.

Une impasse aux répercussions régionales

Ce duel verbal illustre une réalité plus profonde : chaque camp défend une vision qu’il considère non négociable. La session onusienne de cette semaine ne marque donc pas une rupture, mais elle rappelle à quel point le différend reste vif et lourd de conséquences. Derrière les discours et les formules diplomatiques, se profile une question simple mais cruciale : Rabat et Alger trouveront-ils un jour la volonté politique de transformer cette rivalité en dialogue constructif ?

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