Mines en RDC: Bill Gates et Jeff Bezos décrochent des permis avec KoBold Metals


L’attribution de sept permis de recherche minière à KoBold Metals en République démocratique du Congo (RDC) marque une étape symbolique dans la compétition mondiale pour les ressources stratégiques. Derrière cette société américaine, soutenue par des figures comme Bill Gates et Jeff Bezos, se joue un affrontement discret mais déterminant avec la Chine, déjà solidement implantée dans les gisements du pays.

Une avancée américaine dans un espace disputé

KoBold Metals a obtenu le droit d’explorer plusieurs zones situées principalement à Manono, dans la province du Tanganyika, et à Malemba-Nkulu, dans le Haut-Lomami. Ces territoires abritent d’importantes réserves de lithium, minerai essentiel à la fabrication de batteries et donc à la transition énergétique mondiale. Outre le lithium, les permis couvrent aussi des substances comme le coltan et certaines terres rares. L’entreprise a désormais cinq ans pour conduire ses activités d’exploration, avec l’obligation de lancer les travaux dans un délai d’un an.

Cette percée américaine se déroule sur un terrain déjà occupé par de puissants concurrents. Le groupe chinois Zijin Mining exploite une partie du site de Manono, tandis qu’une bataille juridique oppose KoBold à la société australienne AVZ Minerals, qui revendique encore des droits sur ces concessions. Le différend est actuellement soumis à un arbitrage international. L’issue pourrait déterminer non seulement le sort de l’investissement d’un milliard de dollars annoncé par KoBold, mais aussi l’équilibre des forces entre les partenaires étrangers présents dans le secteur minier congolais.

Un pays au cœur des convoitises mondiales

La RDC n’est pas seulement l’un des principaux producteurs de cobalt au monde ; elle recèle également du cuivre, de l’or, du diamant, de l’uranium et désormais du lithium en quantité. Son sous-sol agit comme un véritable coffre-fort géologique, attirant depuis des décennies compagnies et puissances étrangères. Cependant, cette richesse n’a pas toujours profité à la population locale, en raison de la corruption, de la faiblesse des infrastructures et de la persistance de conflits armés à l’est du pays. L’implantation d’acteurs internationaux comme KoBold est perçue comme une tentative de sécuriser des ressources critiques à l’échelle planétaire, tout en posant la question de la souveraineté économique congolaise.


Les derniers permis obtenus illustrent donc un rapport de force plus large que le simple cadre minier : les États-Unis cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de l’approvisionnement chinois, tandis que Kinshasa mise sur de nouveaux investisseurs pour diversifier ses partenariats et renforcer son rôle de fournisseur incontournable. Chaque concession minière devient ainsi une pièce sur l’échiquier géopolitique, où les décisions locales ont des répercussions jusqu’aux usines de batteries et aux chaînes de montage automobiles des grandes puissances.

Si KoBold réussit à transformer ces permis en projets opérationnels, l’entreprise pourrait contribuer à remodeler la carte de l’exploitation minière en RDC. Mais entre les litiges en cours, la présence déjà affirmée de concurrents asiatiques et les défis liés à la gouvernance locale, la route est encore longue. L’arrivée de Gates et Bezos dans cette partie congolaise ressemble à une manche remportée, sans certitude pour l’instant que la partie entière leur reviendra.


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