Le député Guy Marius Sagna a rendu publique la réponse du gouvernement à sa question écrite concernant la prise en charge des enfants de l’adjudant-chef Didier Badji, disparu en novembre 2022. Le ministère des Forces armées admet que la déclaration judiciaire de décès n’a pas encore été obtenue, condition préalable au versement du capital décès et des droits à pension. En attendant, la gendarmerie dit avoir engagé un accompagnement moral et financier.
Une procédure administrative toujours en attente
Selon le député Guy Marius Sagna, la gestion du dossier Didier Badji illustre les lenteurs de l’administration. Dans une communication officielle, il révèle que la solde du militaire a continué d’être versée sur son compte bancaire jusqu’en mai 2025, soit plus de deux ans après sa disparition. Cependant, l’absence de jugement déclaratif de décès bloque toujours l’accès des enfants à leurs droits sociaux et au capital décès. Le ministère des Forces armées a indiqué que les démarches pour régulariser la situation sont en cours et que la gendarmerie a été instruite de prendre en charge ce volet.
En attendant, les enfants orphelins de Didier Badji qui ont perdu leur mère Daba Diouf – décédée après la disparition de son mari – bénéficieraient d’un appui ponctuel, notamment moral et financier, de la part de la gendarmerie. Mais Guy Marius Sagna dénonce un suivi trop tardif : « la famille n’a été contactée qu’en juillet 2025, soit 16 mois après la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Faye ». Pour lui, cela traduit une continuité des pratiques héritées du précédent régime et une absence de célérité dans la gestion de dossiers humains sensibles.
Le parlementaire souligne également le délai de réponse du ministère à ses courriers : sa lettre de février 2025 n’a reçu une réponse qu’en juillet, transmise en août, soit six mois plus tard. Il estime que de tels retards minent la confiance entre l’exécutif et le législatif et affectent la crédibilité des institutions.
Une disparition marquante et ses conséquences
Adjudant-chef Didier Badji, membre de la gendarmerie nationale, a disparu le 18 novembre 2022 en même temps que le sergent Fulbert Sambou. Ces disparitions, jamais élucidées, figurent parmi les événements sensibles du dernier quinquennat. L’absence de corps, les rumeurs non vérifiées circulant sur les réseaux sociaux et le silence prolongé des autorités ont alimenté un climat de suspicion et de méfiance. Pour beaucoup, cette affaire a symbolisé un dysfonctionnement majeur dans la protection des militaires et dans la communication de l’État avec les familles.
Guy Marius Sagna estime que cette affaire doit servir de leçon au gouvernement actuel. Il appelle à un changement radical dans la manière de gérer les dossiers sensibles, à commencer par un suivi plus strict des questions écrites adressées par les députés. Selon lui, ces instruments de contrôle parlementaire doivent jouer pleinement leur rôle de veille démocratique et contribuer à rapprocher les citoyens de leurs institutions.
En attendant la décision judiciaire qui officialisera le décès de l’adjudant-chef Badji, ses enfants demeurent dans l’incertitude, suspendus à la régularisation administrative d’un dossier qui symbolise les lenteurs et les fragilités de la machine étatique.


