Sénégal : Un plan en deux phases pour relancer La Poste

Le gouvernement a adopté un train de mesures pour sauver et moderniser le Groupe La Poste. Entre recapitalisation immédiate et création d’une future Banque postale, le redressement s’annonce progressif mais exigeant.

Des mesures urgentes pour stabiliser l’institution

Le Groupe La Poste du Sénégal traverse une crise structurelle profonde. Pour y répondre, le gouvernement a retenu un ensemble d’actions à mettre en œuvre entre septembre et décembre 2025. Ces mesures visent à restaurer rapidement la solvabilité et à rétablir la confiance des usagers.

La première décision porte sur la recapitalisation de l’entreprise, condition indispensable pour relancer ses activités. Un plan de départs négociés permettra de rationaliser des effectifs devenus pléthoriques. En parallèle, la Caisse des Dépôts et Consignations débloquera 5 milliards FCFA afin de sécuriser les retraits d’épargne, particulièrement au niveau de Postefinances.

Le gouvernement entend également finaliser le Code des Postes et régulariser le patrimoine foncier de la société. Enfin, un Plan stratégique de développement doit être validé avant la fin de l’année pour encadrer les actions futures. Ces décisions constituent un premier socle d’urgence pour éviter une paralysie prolongée.

Ce plan d’action se veut une réponse à une décennie de dérives managériales. Entre 2012 et 2025, les effectifs sont passés de 2 600 à plus de 4 100 agents, soit une hausse de 60 %, entraînant un gonflement de 40 % de la masse salariale, alors même que le chiffre d’affaires reculait de 26 %. Cette évolution illustre la nécessité d’un rééquilibrage entre ressources humaines et performance économique.

Une stratégie de relance tournée vers 2029

Au-delà du court terme, le gouvernement a esquissé une trajectoire de relance ambitieuse qui s’étendra jusqu’en 2029. L’objectif est de transformer La Poste en un acteur moderne des services financiers et logistiques.

Parmi les priorités figure la création d’une Banque postale d’ici 2029, ouverte aux capitaux privés, afin d’offrir des services financiers plus compétitifs. Le patrimoine immobilier sera valorisé, notamment en partenariat avec le FONSIS et la CDC. Sur le plan logistique, EMS Sénégal se verra confier le transport des valises diplomatiques.

Le plan prévoit aussi la domiciliation des paiements de masse de l’État à La Poste, ce qui renforcera son rôle dans les transactions publiques. Le lancement d’un service national de messagerie électronique certifiée et le développement du e-commerce national et transfrontalier doivent également moderniser l’offre. Enfin, l’administration publique sera tenue de recourir en priorité aux services postaux, garantissant un flux constant d’activité.

Avec ces mesures, l’État entend non seulement sauver un service public emblématique mais aussi repositionner La Poste comme levier du numérique, de l’inclusion financière et de l’économie locale.

La mise en œuvre de ce plan sera déterminante pour savoir si La Poste parviendra à se réinventer en acteur central des services modernes, tout en conservant sa mission sociale.

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