Afrique : ces compagnies aériennes qui se livrent une bataille acharnée

Le ciel africain devient le théâtre d’une concurrence accrue entre compagnies nationales, déterminées à accroître leur influence sur le continent et à capter une part plus importante du trafic aérien. De l’Algérie au Maroc en passant par l’Afrique de l’Est, les transporteurs intensifient leurs stratégies d’expansion et modernisent leurs flottes. L’ouverture de nouvelles lignes et le renforcement des hubs traduisent un enjeu stratégique majeur : faire de l’Afrique un acteur incontournable du transport aérien international. Cette rivalité concerne désormais plusieurs acteurs clés, chacun visant à consolider sa position régionale et continentale.

Air Algérie et Royal Air Maroc : la bataille du Maghreb

Air Algérie multiplie les initiatives pour se positionner comme hub régional. D’après le site Maghreb Emergent la compagnie prévoit le lancement d’une nouvelle ligne Alger–N’Djamena à partir du 21 octobre 2025, s’ajoutant aux récentes ouvertures vers Addis-Abeba, Libreville, Zanzibar et Le Caire, ainsi que des projets d’expansion vers l’Asie. Avec 56 avions, la compagnie soutient la stratégie nationale visant à renforcer les échanges économiques et culturels avec le reste de l’Afrique.

Royal Air Maroc (RAM) maintient sa position grâce à un réseau dense de 89 destinations, soutenu par un plan gouvernemental visant à quadrupler sa flotte pour atteindre 200 appareils d’ici 2037. L’objectif est d’établir Casablanca comme un hub intercontinental et de soutenir l’essor touristique, avec 26 millions de visiteurs attendus d’ici 2030.

Les géants de l’Afrique de l’Est : Ethiopian, Kenya Airways et RwandAir

Ethiopian Airlines, basée à Addis-Abeba, demeure un leader incontesté. Avec une flotte de plus de 135 avions, la compagnie est la plus grande du continent en termes de capacité et dessert des dizaines de destinations africaines, asiatiques et européennes. Sa part dans le fret aérien africain dépasse les 35 %, ce qui en fait un acteur clé du commerce continental. Ethiopian a également investi dans l’extension de son hub, avec un nouvel aéroport prévu pour répondre à la demande croissante, et poursuit une stratégie de partenariat avec d’autres compagnies africaines pour améliorer la connectivité Sud–Sud.

Kenya Airways se positionne comme un transporteur majeur de l’Afrique de l’Est. Relativement bien implantée sur les routes intra-africaines et internationales, elle dessert plusieurs capitales africaines et européennes. La compagnie mise sur une modernisation de sa flotte et une amélioration des services pour renforcer sa compétitivité face à Ethiopian et aux compagnies du Maghreb.

RwandAir, bien que plus petite, a réussi à se faire un nom grâce à une gestion efficace et des services de qualité. Depuis Kigali, la compagnie relie des capitales régionales et internationales, facilitant la mobilité et le commerce dans la région des Grands Lacs. L’expansion du réseau et l’acquisition de nouveaux avions permettent à RwandAir de se positionner comme un acteur complémentaire, renforçant la connectivité Est–Sud et contribuant à l’intégration économique régionale.

Le poids stratégique des compagnies africaines

Ces développements s’inscrivent dans une dynamique continentale plus large. Des transporteurs comme Ethiopian Airlines, Kenya Airways et RwandAir démontrent que l’Afrique peut construire des hubs compétitifs et capter le trafic intra-africain, longtemps dominé par les compagnies étrangères. Le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) soutenu par l’Union africaine vise à faciliter la libéralisation et l’intégration du secteur, en permettant des vols plus directs entre pays africains et en réduisant les contraintes réglementaires. Le ciel africain devient un espace stratégique où se mêlent enjeux économiques, diplomatiques et touristiques. Air Algérie, Royal Air Maroc, et les compagnies de l’Afrique de l’Est se disputent désormais un rôle central dans le transport aérien du continent

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