Algérie vs Maroc : l’envoyé de Trump pourra-t-il sceller un accord ?

Une phrase, à peine prononcée, a suffi à relancer les spéculations diplomatiques entre l‘Algérie et le Maroc. Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, a annoncé à la chaîne américaine CBS que son équipe travaillait sur un accord de paix entre Rabat et Alger, affirmant avec assurance qu’un « deal » pourrait être conclu dans les soixante jours. L’information a été rapportée par le site Barlamane . Si les propos semblent ambitieux, ils réveillent une question restée sans réponse depuis des décennies : qui parviendra à rapprocher deux nations figées dans une rivalité aussi tenace que complexe ?

Une fracture ancienne, nourrie par la méfiance

Les tensions entre Alger et Rabat reposent principalement sur le différend du Sahara occidental, territoire revendiqué par le Maroc, mais soutenu par l’Algérie au nom du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Depuis le retrait de l’Espagne en 1975, cette question a provoqué la fermeture de la frontière terrestre et un climat de soupçon permanent entre les deux pays. La rivalité s’est accentuée lorsque Rabat a obtenu en 2020 la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara en échange de la normalisation de ses relations avec Israël, une décision perçue par Alger comme une menace directe à sa sécurité et à son influence régionale.

Ces tensions diplomatiques se sont aggravées avec la rupture officielle des relations en 2021, Alger accusant le Maroc de s’être trop rapproché de Tel-Aviv sur les plans militaire et technologique. Pour l’Algérie, cette alliance triangulaire Rabat–Israël–Washington fragilise l’équilibre régional, alors que le Maroc défend une coopération économique et sécuritaire qu’il juge légitime.

L’offensive américaine : pari diplomatique ou coup politique ?

C’est dans ce contexte de méfiance persistante que l’envoyé spécial du président américain Donald Trump tente de relancer le dialogue. Steve Witkoff, épaulé par Jared Kushner, souhaite s’inspirer de la méthode des Accords d’Abraham : encourager des rapprochements inédits grâce à des incitations économiques, sécuritaires et énergétiques. L’objectif affiché serait de rouvrir des canaux de discussion pour réduire les tensions militaires, favoriser la coopération dans la lutte antiterroriste et stimuler le commerce régional.

Mais les obstacles demeurent considérables. Alger refuse toute médiation qui ignorerait la question sahraouie, tandis que Rabat n’acceptera pas que sa souveraineté sur ce territoire soit remise en cause. Les diplomates évoquent un processus fragile où chaque geste sera scruté, et où le moindre faux pas pourrait ranimer les rancunes anciennes.

Si cette initiative aboutissait, elle pourrait rouvrir un chapitre inédit dans les relations maghrébines : frontières réouvertes, échanges relancés, coopération renforcée face aux défis sécuritaires. Les USA misent sur la possibilité que les intérêts économiques finissent par primer sur les vieilles rancunes politiques.
Cependant, beaucoup restent sceptiques. Entre la prudence algérienne, la fermeté marocaine et les ambitions américaines, le chemin vers un accord reste étroit. Mais dans une région où l’immobilisme est devenu la norme, la simple idée d’un dialogue à venir suffit déjà à faire renaître un mince espoir.

Laisser un commentaire