À l’approche de l’élection présidentielle de 2026, une échéance majeure pour la consolidation démocratique du Bénin, le climat politique se fait de plus en plus animé. La désignation de Romuald Wadagni comme candidat de la majorité présidentielle, en vue de prendre la relève du président Patrice Talon, a eu le mérite de clarifier les choses. Mais cette clarification s’accompagne de certaines prises de parole publiques qui, par leur ton ou leur contenu, suscitent le débat. Ces sorties, parfois maladroites, appellent une mise au point nécessaire afin de préserver la cohérence du message du camp présidentiel et, au-delà, l’image du pays.
Des propos qui interrogent
Le cas du journaliste Casimir Kpédjo illustre bien ce constat. Sur le plateau d’Esae TV, il a laissé entendre que des institutions internationales devraient valider à l’avance la candidature d’un responsable avant qu’elle soit admise au plan national. Une telle déclaration, pour surprenante qu’elle soit, soulève une question de fond : celle du respect de la souveraineté nationale.
La désignation des candidats et l’organisation du scrutin présidentiel relèvent exclusivement des institutions béninoises, telles que définies par la Constitution et les lois électorales. Il ne saurait donc être question qu’une institution étrangère, quelle qu’en soit la nature ou la réputation, intervienne dans ce processus. L’idée d’une validation internationale, même évoquée sur le ton de l’analyse, heurte le principe fondamental de la souveraineté du Bénin, État libre et indépendant.
Sans remettre en cause la liberté d’expression, il convient de rappeler que toute prise de parole publique portant sur un sujet aussi sensible engage la perception du pays et de ses institutions. Le camp présidentiel, qui a souvent insisté sur la restauration de la fierté nationale, gagnerait à rappeler à ses soutiens la nécessité d’éviter toute confusion entre appui politique et atteinte, même involontaire, à la souveraineté nationale.
Une conception biaisée du jeu démocratique
Les propos récents de Dakpè Sossou vont dans une autre direction, mais posent une préoccupation similaire. En invitant l’ancien président Boni Yayi à s’abstenir de désigner le candidat de l’opposition pour, selon lui, « faciliter » la tâche au candidat issu du Mono, l’ancien député a exprimé une conception pour le moins réductrice du jeu démocratique.
Le choix d’un candidat, dans une formation politique comme dans une coalition, ne devrait jamais être dicté par des considérations régionales ou personnelles. Le candidat de la majorité présidentielle n’a jamais été désigné par régionalisme ou pour son appartenance à telle ou telle obédience. Il a surtout été désigné pour ses compétences et sa capacité à conduire le pays vers de meilleurs horizons.
La vitalité d’une démocratie repose sur la pluralité des candidatures, la liberté de choix et le respect du jeu politique dans toutes ses dimensions. Demander à un leader de l’opposition de s’abstenir d’exercer son rôle, au nom d’une logique de convenance, revient à fragiliser le principe même de la compétition électorale.
Préserver la crédibilité du processus
Ces deux exemples ne sont pas isolés. Plusieurs soutiens du pouvoir tiennent parfois des propos qui risquent de susciter la méfiance. L’enjeu pour le président Patrice Talon est désormais clair. Son héritage démocratique sera en partie jugé à l’aune de la qualité et de la crédibilité du scrutin de 2026, celui qui marquera la fin de son second et dernier mandat. Pour garantir une bonne transition, le chef de l’État et ses proches doivent veiller à ce que le discours des soutiens reste conforme à l’esprit de responsabilité et de respect des institutions.
Un appel à la responsabilité collective
Le Bénin aborde une échéance présidentielle décisive, porteuse d’espoir pour la consolidation de ses institutions et la vitalité de sa démocratie. L’objectif partagé doit être celui d’un scrutin transparent, paisible et largement accepté, reflet de la maturité politique du pays. Dans cette perspective, la majorité présidentielle, comme l’ensemble des acteurs politiques, est appelée à cultiver la retenue et la responsabilité dans la parole publique, afin de préserver la confiance et la sérénité du débat national. En plaçant la souveraineté nationale et le respect du jeu démocratique au cœur de son action, le Bénin pourra faire de l’élection de 2026 une étape marquante dans la continuité de la modernisation engagée sous le président Patrice Talon et dans le renforcement durable de son modèle démocratique.


