Depuis 2020, les dépenses militaires de l’Algérie progressent sans relâche. Le pays a consacré environ 18 milliards de dollars à sa Défense en 2023, puis 21,8 milliards en 2024, avant d’atteindre près de 25 milliards de dollars en 2026 — le plus haut niveau jamais enregistré. Cette montée en puissance illustre une volonté constante de renforcer l’appareil sécuritaire face à un environnement régional perçu comme de plus en plus instable.
Des frontières sous tension permanente
Sur un budget général estimé à 135 milliards de dollars, près d’un cinquième sera consacré à la Défense rapporte fr.le360. Ce chiffre inédit confirme l’importance accordée par Alger à la protection de ses frontières, devenues un véritable casse-tête sécuritaire. Les zones sahariennes, longues et poreuses, sont traversées par des circuits de contrebande, des trafics d’armes et des réseaux de migration clandestine. Ces routes illégales, difficiles à contrôler, fragilisent la stabilité du pays depuis plus d’une décennie.
Les tensions régionales accentuent cette vigilance. L’abattage d’un drone malien par l’armée algérienne, il y a environ six mois, a ravivé les frictions avec Bamako, soutenu par le Niger et le Burkina Faso. Alger y voit une évolution préoccupante : une alliance sahélienne susceptible de bouleverser les équilibres régionaux. Pour prévenir toute escalade, l’Algérie renforce sa présence militaire au sud et multiplie les moyens de surveillance aérienne et terrestre.
Rivalités et équilibres régionaux
À l’ouest, la rivalité avec le Maroc demeure un moteur puissant de l’effort de Défense. Depuis la rupture diplomatique de 2021, les deux pays se livrent à une modernisation parallèle de leurs forces armées. Rabat prévoit un budget d’environ 133 milliards de dirhams, tandis qu’Alger répond par une enveloppe record, équivalente à plus de 20 % de ses dépenses nationales. Cette dynamique de dissuasion mutuelle entretient une tension stratégique durable entre les deux capitales.
À l’est, la Libye reste une source d’instabilité constante. L’absence d’autorité centrale, la circulation d’armes et la présence de groupes armés non étatiques en font un foyer de risques persistants. L’armée algérienne s’efforce de contenir cette instabilité par une combinaison d’investissements technologiques et d’opérations de veille aux frontières.
Une puissance qui s’appuie sur le gaz
Le financement de ce réarmement spectaculaire s’appuie sur les recettes énergétiques exceptionnelles engrangées depuis la crise ukrainienne. Les exportations de gaz, devenues plus rentables, offrent à Alger la marge financière nécessaire pour soutenir cet effort. Mais consacrer une telle part du budget à la Défense soulève un débat : faut-il privilégier la sécurité nationale au détriment des dépenses sociales ?



