Gabon : Sylvia et Noureddin Bongo refusent d’assister à leur procès

Selon RFI, Sylvia et Noureddin Bongo Valentin ont annoncé qu’ils ne se rendraient pas à l’audience prévue devant la justice gabonaise. Leurs avocats affirment que la procédure engagée contre eux viole les règles élémentaires du droit. Selon l’un de leurs conseils, Me Clara Gérard-Rodriguez citée par le média français, le procès serait « un simulacre de justice » à caractère politique. Les accusés expliquent notamment n’avoir jamais reçu de convocation officielle, découvrant la tenue du procès par voie de presse. Cette absence de notification, estiment-ils, rend la procédure illégale puisque la loi gabonaise impose un délai de quatre mois pour permettre la préparation de la défense.

L’affaire relance le débat sur l’indépendance du système judiciaire gabonais, à un moment où le pays traverse une phase de recomposition politique. Les défenseurs des Bongo soutiennent que le dossier repose sur des motivations politiques plutôt que sur des preuves tangibles.

Héritage d’un pouvoir contesté

La situation actuelle trouve son origine dans la chute d’Ali Bongo Ondimba, évincé du pouvoir en août 2023 à la suite d’un coup d’État mené par le général Brice Oligui Nguema. Ce dernier, désormais président de la transition, avait justifié son action par la nécessité de mettre fin à un système qualifié de corrompu et autoritaire. L’arrestation de Noureddin Bongo, ancien coordinateur des affaires présidentielles, avait alors marqué une rupture symbolique : pour la première fois, un membre du clan présidentiel faisait face à la justice. Sa mère, Sylvia Bongo, ancienne première dame, est quant à elle accusée de détournement de fonds publics.

Les nouvelles autorités affirment vouloir restaurer la transparence et rompre avec les pratiques du passé, tandis que les proches de l’ex-président dénoncent une opération de purge politique. Le refus de comparaître de Sylvia et Noureddin Bongo illustre ainsi la profonde méfiance qui règne entre les anciens dirigeants et le pouvoir actuel.

Un bras de fer judiciaire aux conséquences politiques

Ce boycott judiciaire pourrait accentuer les tensions entre partisans du régime déchu et partisans de la transition. Il met aussi à l’épreuve la volonté affichée des autorités de conduire une justice impartiale. Si le procès devait se poursuivre en leur absence, il risquerait de renforcer les accusations de manipulation politique.

Pour une partie de la population gabonaise, cette affaire symbolise la lutte entre deux visions du pays : celle d’un passé marqué par la domination d’une seule famille, et celle d’un futur que les nouvelles autorités promettent plus équitable. Reste à savoir si cette promesse se traduira par des actes concrets ou par une nouvelle forme de contrôle politique sous couvert de justice.

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