Entre 2018 et 2024, l’Espagne a octroyé la nationalité à plus d’un million d’étrangers, un chiffre inédit sur le continent depuis plusieurs décennies. Sous la direction du Premier ministre Pedro Sánchez, le pays a adopté une politique de naturalisation d’une ampleur que ni José Luis Rodríguez Zapatero ni Mariano Rajoy n’avaient atteinte auparavant.
L’Espagne, exception au sein de l’Union européenne
Alors que la plupart des États européens ont choisi de resserrer leurs politiques migratoires, multipliant les conditions de résidence et les contrôles administratifs, l’Espagne a pris une direction opposée. Ces dernières années, la France, l’Allemagne, l’Italie ou la Suède ont durci les règles d’accès à la nationalité et au séjour permanent. Par contraste, Madrid a maintenu un dispositif plus souple, facilitant l’intégration juridique de nombreux résidents étrangers.
Depuis 2018, 1 127 370 personnes ont ainsi été naturalisées. Ce total équivaut à plus de la moitié de l’ensemble des 2 113 537 naturalisations recensées dans le pays entre 2009 et 2024. En 2024 seulement, 221 805 nouveaux citoyens ont obtenu la nationalité espagnole sur 246 751 demandes, soit un taux d’approbation de près de 90 %.
Des profils variés, une tendance marquée
Les Marocains demeurent les principaux bénéficiaires sur les quinze dernières années. Les Équatoriens (260 188) et les Colombiens (240 188) suivent, tandis que les Vénézuéliens se sont hissés en tête du classement pour la seule année 2024, avec 33 021 naturalisations, contre 29 033 Marocains et 27 946 Colombiens.
Les données officielles soulignent aussi une disparité selon le genre. Les femmes originaires d’Amérique latine accèdent plus fréquemment à la nationalité espagnole, alors que les hommes prédominent chez les Marocains : 15 511 hommes pour 13 522 femmes. Au total, le gouvernement Sánchez affiche une moyenne de 187 895 naturalisations par an, un rythme inédit dans l’histoire récente du pays.
Une évolution aux effets multiples
Cette politique de naturalisation élargit la composition démographique espagnole et modifie, de manière mesurable, la structure civique du pays. En accordant la citoyenneté à plus d’un million de personnes depuis 2018, l’Espagne se distingue nettement dans le paysage européen actuel. Cette dynamique pourrait avoir des conséquences durables sur la représentation politique, les équilibres sociaux et les politiques migratoires du pays, tout en renforçant son image d’espace d’intégration au sein de l’Union européenne.



